198 CHAPITRE XII. avec une armée. Cependant, malgré l’opposition d’une partie de la noblesse, Albert pénétra dans le royaume, se fit couronner àPrague, et marcha sur la villede Taborqui était le centre de la résistance; pendant ce temps là, le roi de Pologne, de son côté, envahissait la Silésie et la Moravie. Le danger qui menaçait Albert, fut conjuré par le pape Eugène IV, dont l’intervention amena la conclusion d’un armistice. Albert mourut peu de temps après (Octobre 1439). Quatre mois après sa mort, sa veuve accoucha d’un fils, Ladislav, surnommé le Posthume (Février 1440). Ainsi qu’on pouvait le prévoir, le jeune prince ne fut pas reconnu en Bohème sans résistance. Los partis opposés s’entendirent pour confier à une diète l’élection du souverain. Le prince Kazimir de Pologne, nommé grand duc de Lithuanie, renonça complètement au trône de Bohême. La diète, ne pouvant plus compter sur lui, offrit la couronne au duc de Bavière qui eut la sagesse de refuser. De guerre lasse, après avoir vainement demandé un roi à l’Allemagne, la noblesse se décida à s’entendre avec la reine douairière Elisabeth, sur les conditions de la régence. Si jeune que fût le roi, il semblait que sa seule présence fût capable de maintenir l’ordre dans un pays où les partis s’agitaient encore. Sa mère refusa de l’envoyer à Prague, et le pays dut se gouverner lui-même; les capitaines de cercles administraient leurs provinces chacun comme ils pouvaient, et n’y réussissaient pas toujours. La fermentation des esprits était loin d’être calmée. Le parti utraquiste prétendait qu’on n’observait pas les engagements du roi Sigismond : la communion n’était donnée que sous une seule espèce et l’évêque d’Olomouc (Olmutz) refusait toujours de consacrer les prêtres utraquistes. Les utraquistes eux-mêmes se divisaient. Les quatre cercles de Kourim, de Cas-lav, de Chrudim et de Kralove Hradec avaient formé une confédération qui reconnaissait le seigneur Ptacek de Perk stein pour chef suprême, Jean de Rokycana comme archevêque, et refusait l’obéissance au consistoire de Prague, qui avait alors pour administrateur Jean de Pribram. Cependant, les deux partis finirent par s’unir contre le parti ca-