388 CHAPITRE XXII. Berlin relativement à la Galicie et aux villes de Thorn et de Danzig. L’empereur alors entreprit de négocier sous main avec l’Angleterre. La cour de Londres exigeait qu’il rendît se» conquêtes et lui garantissait en échange les Pays-Bas. Léopold, en menaçant de céder à la France une partie de la Belgique, rendit l’Angleterre plus complaisante. Le congrès aboutit au traité de Sistova (4 août 1791). L’Autriche rendait ses conquêtes et s’engageait à ne pas soutenir la Russie dans une guerre ultérieure contre la Turquie ; elle n’acquérait que le vieil Orsova et le district de l’Ûnna sur la frontière de Croatie. Ainsi, cette fois encore, le cabinet de Vienne lâchait la proie pour l’ombre, et sacrifiait les conquêtes qui eussent arrondi ses véritables frontières pour conserver une province lointaine, indocile, et toujours menacée par les convoitises de la France. Il était difficile que l’Autriche restât indifférente aux progrès de la Révolution française. Gomme empereur d’Allemagne, Léopold II avait à défendre les droits féodaux des princes allemands supprimés par l’Assemblée nationale dans l’Alsace, la Franche-Comtê et la Lorraine; comme beau-frère du roi Louis XVI, il voyait avec inquiétude les progrès de la démocratie et la décadence de l’autorité royale. Le 6 juillet 1791, il publia une circulaire datée de Padoue, qui invitait tous les souverains de l’Europe à intervenir en faveur du roi de France contre ses sujets révoltés. Peu de temps après, il eut avec Frédé-ric-Guillaume II la célèbre entrevue de Pilnitz (27 août 1791). Elle eut pour résultat une convention où les deux souverains s’engageaient à employer les moyens les plus efficaces pour mettre le roi de France « en état d’affermir, dans la plus parfaite liberté, les bases d’un gouvernement monarchique également convenable aux droits des souverains et au bien de la nation française ». Le 7 février 1792, il concluait avec la cour de Berlin un traité d’alliance définitif. Le 1er mars, il mourut subitement, laissant à son fils François II l’héritage de la lutte la plus formidable que l’Etat autrichien ait jamais eue à soutenir. Le 20 avril sui-