210 CHAPITRE SU. furent emportés par les bourgeois; des gentilshommes décapités à Prague. Le roi, pendant un séjour qu’il fit dans cette ville (1522), s’efforça de rétablir la concorde en remplaçant les hauls dignitaires du royaume et leva des impôts pour la guerre contre les Turcs. Les questions religieuses, que l’on pouvait croire assoupies, se réveillèrent avec plus d’intensité que jamais. Luther commençait à prêcher la réforme en Allemagne (1521). Par un bizarre contraste, la nouvelle doctrine fut accueillie avec enthousiasme dans ces mêmes villes allemandes qui naguère avaient été les derniers remparts du catholicisme. Les Tchèques, depuis longtemps irrités contre le Saint-Siège, në pouvaient que saluer avec sympathie le dogme nouveau ; ils avaient en vain rêvé de rester unis à l’Eglise catholique en conservant l’usage du calice. La papauté était restée sourde à leurs prières. Le protestantisme, rappelait les anciennes traditions du hussitisme; Luther continuait l’œuvre du martyr de Constance ; il n’imposait pas la morale rigoureuse des frères bohèmes, il rompait en visière avec la papauté. 11 ne pouvait être que très bien venu. Des prêtres utraquistes se mirent à. prêcher ses doctrines, et, dès 1523, le synode utraquiste admettait dans la confession de la secte des formules empruntées au formulaire luthérien. La séparation d’avec l'Église romaine s’accentuait; un ami de Luther, le prêtre Cahera, fut nommé administrateur de l’église du Tyn, à Prague. Il serait trop long de raconter les désordres dont cette ville fut alors le théâtre. L’histoire religieuse de la Bohême entre ici dans une nouvelle phase; le tempérament anarchique de la noblesse tchèque se livre carrière dans ces conflits, qui n’ont qu’un médiocre intérêt bien que leurs héros soient restés populaires en Bohême. Par ses excès, la Bohême avait mérité de tomber aux mains d’un tyran. La mort du roi. Louis, à la bataille de Mohacz (1526), fut due en partie à l’esprit tenace et tumultueux de la noblesse; elle n’accorda pas au souverain les secours dont.il avait besoin contre les Turcs. Elle devait être cruellement châtiée de cet égoïsme étroit, de ce manque de patriotisme.