LA. GRANDE MORAVIE. 51 Bavière et le duc de Frioul. Plus tard, Arnulf, devenu roi des Romains, confia une partie de la Pannonie à un prince indigène Braclav : l’histoire de ces Slaves appartient en somme à celle de l’Ostmark et de l’empire germanique. Un seul trait mérite d’être relevé ici : c’est la façon curieuse dont les Slaves Corutanes(ou Carinthiens) installaient leurs princes. C’est près de la ville de Cclovec (Klagenfurt) qu’avait lieu la cérémonie. Un paysan monté sur un rocher attendait le nouveau prince qui s’avançait revêtu d’un costume rustique. Le paysan demandait : « Qui est celui qui s’avance?» — Le peuple répondait : « C’est le prince du pays. » — Le paysan demandait encore : « Est-ce un bon juge, est-ce un ami de la vérité?» — Sur l’affirmation des témoins, le paysan rendait sa place au nouveau venu qui montait sur le rocher et brandissait son épée en jurant de défendre la terre slovèns Cette coutume dura jusqu’au XVIIe'siècle. Le peuple qui l’avait imaginée méritait une plus brillante destinée. Les Croates présentent une individualité historique bien plus nettement accusée que celle des Slovènes. Nous avons vu qu’en arrivant dans leur nouvelle patrie, ils avaient adopté sans difficulté le christianisme. Il leur vint à la fois des deux évêchés de Salone et d’Aquilée et fut accepté sans résistance par les populations. Les Allemands n’eurent donc pas le prétexte d’une conversion à invoquer pour justifier leurs entreprises conquérantes ch>>z les Croates. Mais il suffisait pour légitimer les ambitions germaniques que les Croates confinassent à l’empire. En 796, Charlemagne aiiéantit les Avares par la prise de leur camp retranché. A partir de 822, le nom même des Avares ne se montre plus dans les chroniques ; il reste dans la langue slave (sous la forme Obr) comme synonyme de géant. Un proverbe russe que la chronique de Kiev cite avec complaisance, disait : Disparaître comme les Obres; c’est-à-dire sans laisser aucune trace derrière soi. Charlemagne une fois maître des pays entre le Danube et la Tisza, sa domination enveloppait les pays croates, sans toutefois les assujettir. Le Margrave de Frioul fut d’abord chargé d’attaquer le