LA BOHÈME S. LA. MAISON DE LUXEMBOURG. 153 Bohême comme un capital qu’il fallait savoir exploiter à propos. Son règne, se divise en deux parties : dans la première (1310-1333), il régna seul; dans la seconde (1333-1346), avec le concours de son fils Charles. La première période vit la puissance de la Bohême s’étendre à l’extérieur tout en déclinant à l’intérieur ; la seconde répara les défauts de la première. Jean de Luxembourg, n’avait que quatorze ans quand il commença à régner; il fut d’abord assisté par son père et par l’archevêque de Mayence, Pierre d’Aichspalter. Les débuts de son règne furent heureux; il réunit à la Bohême, la Moravie que la maison d’Autriche en avait détachée; une partie de la Lusace et du pays de Gœrlitz; il assura la suzeraineté de la Bohême sur la plus grande partie de la Silésie (les principautés de Vratislav (Breslau), Kozel, Tësin (Teschen) etc.) Ainsi le royaume s’agrandissait; à l’intérieur, il était troublé par la prodigalité du roi, les conflits entre la reine Èlisa, la dernière des Premyslides et la reine douairière, veuve de deux rois, Elise la Polonaise. La faveur accordée aux Allemands excitait des révoltes; vers 1318, le bruit courait dans le royaume, que le roi prétendait en chasser tous .les Tchèques et lé peupler uniquement d’étrangers. Jean, découragé, offrait à Louis de Bavière d’échanger sa couronne contre le Palatinat; il ne fallut pas moins que l’énergique résistance de la reine Elisa, pour le faire renoncer à ce projet. Trop à l’étroit dans son royaume, Jean se mêle à toutes les affaires de son temps; il faisait bon d’être de ses amis, et c’était un proverbe populaire que rien ne pouvait réussir sans l’aide de Dieu et du roi de Bohême. Maisia Bohême profitait peu de ces exploits; elle les payait chèrement; les visites du souverain dans son royaume étaient toujours le présage d'impôts nouveaux, d’emprunts, d’altération des monnaies. Un trait intéressant pour nous dans la vie du roi Jean, c’est la sympathie singulière de ce prince pour la France. Il avait marié sa sœur Marie, au roi Charles IV (1322) ; il voulut que son fils, Vacslav (connu dans l’histoire sous le nom de Charles) fût élevé à Paris; il maria