LA HONGRIE 1-ÉVOLTÉE. 323 catholique encore que patriote, se chargea de persécuter les réformés ; beaucoup d’entre eux furent exilés, astreints aux travaux forcés, vendus au vice-roi de Naples pour ramer sur ses galères. Mais ces rigueurs n’étouffaient pas l’esprit d’indépendance des Magyars; le nom des Kurucz reparaissait : Louis XIV, en lutte avec la maison d’Autriche, finissait par soutenir les mécontents; notre ambassadeur en Pologne leur faisait passer des hommes et de l’argent. L’insurrection avait trouvé un chef redoutable dans la personne d’Emerich Tœkœli. Il était fils du comte Tœkœli, ami des trois comtes décapités en 1671, qui avait pris part à leur lutte et succombé les armes à la main ; il avait épousé la veuve de Georges Rakoczy II, la vaillante Hélène Zrinyi. Tœkœli, dont le drapeau portait pour devise : « pro aris et focis », avait réussi à réunir une armée qui poussait des pointes hardies jusque dans la Moravie. Il faisait frapper monnaie à son elfigie et exerçait une véritable souveraineté. Le primat Szelpcsenyi essaya de rétablir la paix, àla Diète de Pozony (1681) : il obtint la nomination d’un Palatin, le rétablissement de la constitution. Mais Tœkœly ne se contenta pas de ces concessions ; il voulait devenir le souverain de la Hongrie indépendante. 11 comptait trouver des alliés dans les Turcs qui marchaient alors sur Vienne;il alla au devant de Kara Mous-tapha et, tandis que les Ottomans assiégeaient la capitale autrichienne, il investit Pozony. L’échec des Turcs, refoulés par Sobieski, fut aussi une défaite pour celui qu’on appelait le roi des Kurucz. Il fut réduit à faire la guerre de partisans; cependant l’armée impériale, victorieuse des Ottomans, pénétrait dans la Hongrie, et enlevait quelques-unes des places principales, Esztergom, Visegrad, Eperies, Cinq-Eglises (Pecs), Szegedin, Bude enfin, qui fut reprise après une si longue occupation. Les Turcs poursuivis jusqu’à Mohacz, expièrent par la perte de vingt mille hommes le triomphe qu’ils avaient remporté naguère dans ces mêmes plaines. KaraMoustapha, attribuant ses revers à Tœkœli, fit. arrêter cet allié de la veille et le tint enfermé dans Belgrade; sa captivité mettait fin au mouvement; les