LA GRANDE MORAVIE. •39 tes détails qui appartiennent à l’histoire de l’Allemagne proprement dite. Les annales des Tchèques, des Moraves et de leurs congénères slaves nous offrent, pendant les deux siècles qui s’écoulent de la mort de Samo à l’invasion hongroise, un certain nombre d’épisodes intéressants et généralement assez mal connus. Nous allons les résumer eu peu de mots. A la mort de Samo, l’empire slave qu’il avait improvisé se divisa en trois parties principales : Io la Bohême, que sa configuration géographique destinait évidemment à constituer un État indépendant et homogène ; 2° la Moravie, comprenant, outre la province de ce nom, les pays habités aujourd’hui par les Slovaques, et la région du moyen Danube; 3° le pays des Slaves Korutans ou Garentins, habitant la Garinthie, la Carniole, le nord de la Styrie et quelques cantons de l’Autriche inférieure, sur la rive droite du Danube. L’histoire de ces diverses nations, pendant la seconde moitié du septième siècle et la première moitié du huitième, est fort obscure. Les origines de la Bohême, telles que nous les présentent les chroniques latines et tchèques, ont un caractère fabuleux et ne doivent sans doute leur réalité qu’à la foi religieuse que leur prêtent le patriotisme et la poésie. Chose curieuse, la légende bohème ne connaît point le nom de Samo, qui joua un si grand rôle dans les annales de ces régions. Le premier prince qu’elle mentionne est un certain Krok, lequel aurait régné dans la seconde moitié du septième siècle; ce personnage mythique offre une analogie évidente avec le Krakus des Polonais. Krok eut trois filles, chères encore au souvenir populaire : Kazi, experte dans la connaissance des secrets de la nature, Téta, familière avec les rites sacrés et les choses religieuses, Libuâe, qui reçut après la mort de son père l’honneur de gouverner ses domaines. Malgré la sagesse dont la tradition lui fait honneur, elle se sentit trop faible pour diriger seule un peuple turbulent, et choisit pour époux le laboureur Premysl, de Stadice ; il accepta la mam de la princesse et se rendit au château de Vysehrad, près Prague,