540 CHAPITRE XXXI. régler le conflit pendant entre Nicolas et la Porte; il ne promettait la neutralité autrichienne que si la Russie s’engageait à respecter l’intégrité de l’empire ottoman. Plus tard il demanda (8 août) que les principautés danubiennes fussent mises sous la protection des cinq grandes puissances, que la navigation du Danube fût complètement libre, que le traité de 1841 fût révisé par lès puissances contractantes, que la Russie renonçât au protectorat des chrétiens de l’empire ottoman. Quand la campagne de Grimée commença, le cabinet de Vienne s’engagea vis-à-vis de la France et de l’Angleterre à défendre les principautés danubiennes contre Tes Russes. Les conférences dont Vienne fut alors le théâtre n’aboutirent point; au fond,l’Autriche gagnait du tempset n’était point fâchée de voir la Russie s’affaiblir sans avoir elle-même à intervenir les armes à la main; elle se contentait d’occuper les principautés, avec le consentement de la Porte. Un événement inattendu inquiéta vivement ses hommes d’Etat : le Piémont, que l’on savait gouverné par un prince ambitieux et intelligent, était entré dans l’alliance anglo-française et avait envoyé un corps d’armée en Grimée. Malgré la terreur qui pesait sur l’Italie, ne pouvait-on pas s’attendre à quelque réveil national? Cette fois, l’Autriche agit énergiquement pour essayer d’arrêter la guerre ; elle renouvela les propositions du 8 août, exigea l’abandon d’une partie de la Bessarabie et la neutralisation de la mer Noire.Elle rappela même son ambassadeur de Saint-Pétersbourg. Alexandre consentit à la paix; le traité, discuté au congrès de Paris, fut signé le 30 mars 1856 : la mer Noire restait neutre; la navigation du Danube était libre ; la Russie renonçait au protectorat exclusif des sujets orthodoxesde la Turquie; tous les débats relatifs à l’Orient devaient être soumis à un arbitrage européen. Mais au congrès de Paris un incident se produisit qui devait avoir pour l’Autriche les plus redoutables conséquences : le Piémont y était représenté par Gavour; la question italienne fut incidemment amenée sur le tapis MM. Walewski et Cavour signalèrent l’état anormal de