46 LE RÈGNE DE JUSTINIEN Malheureusement la crise intérieure gâta tout. Justinien avait tendu à l’excès les ressorts du gouvernement absolu ; lui mort, l’aristocratie releva la tête, les tendances séparatistes des provinces recommencèrent à se manifester, les factions du cirque à s’agiter. Et comme le gouvernement était impuissant à rétablir la situation financière, le mécontentement ne fit que s’accroître, aggravé enoore par la désorganisation administrative et les mutineries de l’armée. La politique religieuse rendit plus aigu le malaise général. Après un court essai de tolérance, on revint en effet à la persécution pour dompter les dissidents; et si Maurice y mit un terme, par ailleurs le conflit inopportun qu’il laissa éclater entre le patriarche de Constantinople, prétendant au titre d'œcuménique, et le pape Grégoire le Grand, augmenta les rancunes anciennes entre l’Orient et l’Occident. Malgré ses réelles qualités, Maurice, par son économie rigide, fut profondément impopulaire. Et le relâchement de l’autorité politique rendit aisé le succès de la ! révolution militaire qui mit Phoeas sur le trône (602). Le grossier soldat qu’était le nouveau prince ne put se maintenir que par la terreur (602-610); il acheva par là de ruiner la monarchie. Chos-