l54 LE SIÈCLE DES COMNÈNES L'empire grec el les croisés. — L’antagonisme entre l’Orient grec et l’Occident latin s’accrut encore du fait des croisades. Quand les armées de la première croisade parurent sous les murs de Constantinople (1096), Alexis Comnène, qui n’avait jamais sollicité l’appui de l’Occident que pour lui demander des mercenaires, fut fort inquiet d’une expédition dont il ne comprenait pas le sens et dont l’un des chefs était son ancien ennemi Bohémond. Pourtant, malgré les violences dont ne s'abstinrent pas les Latins, malgré l’insolence, l’avidité et l’ambition mal dissimulée des grands barons, l’empereur s'efforça de ménager une entente avec eux : trop faible pour les repousser, il tenta de les utiliser. Il se flatta, en y mettant le prix, d’enrôler les croisés au service de l’empire, de les lier à lui par un serment d’hommage et de fidélité, de les employer à reconquérir l’Asie pour Byzance. Et d’abord il sembla réussir. Successivement, après plus ou moins de difficultés, les chefs de la croisade prêtèrent serment à Alexis et s’engagèrent à lui remettre toutes les villes, ayant jadis appartenu à l’empire, qu’ils reprendraient sur les Turcs (1097). C’est en vertu de cet accord que Nicée reconquise fut livrée aux Grecs, et qu’un corps de troupes byzantines ac-