24 LE RÈGNE DE JUST1NIEN épouse que Dieu lui avait donnée, » dans celle qu’il se plaisait à 'appeler « son charme le plus doux, » dans l’impératrice Théodora. Théodora aussi était une parvenue. Fille d’un gardien des ours de l’Hippodrome, elle avait, s’il faut en croire les commérages de Procope dans {'Histoire secrète, scandalisé ses contem-porains par sa vie d’actrice à la mode et par l'éclat de ses aventures, et davantage encore ;quand elle conquit le cœur de Justinien, réussit à se faire épouser par lui, et avec lui monta sur le trône. 11 est certain qu’aussi longtemps qu’elle vécut, — elle mourut en 548» — elle exerça sur l’empereur une influence toute-puissante et gouverna l’empire autant et pcut-ctre plus que lui. C’est que, malgré ses défauts, — elle aimait l’argent, le pouvoir et,, pour conserver le trône, elle fut souvent perfide, cruelle, implacable dans ses haines, — cette grande ambitieuse avait d’émi-nentes qualités, de l’énergie, de la fermeté, une volonté résolue et forte, un esprit politique avisé et clair, et peut-être voyait-elle plus juste que son impérial époux. Tandis que Justinien rêvait de reconquérir l’Occident, de fonder sur l’alliance avec la papauté l’empire romain reconstitué, elle, en orientale qu’elle était, tournait les yeux vers l’Orient, avec un sentiment plus exact des