l56 LE SIÈCLE DES COMNÈNES tantinople. Dans ces conditions, quand arriva le désastre de la croisade, on l’imputa surtout à la perfidie des Grecs, dont la rapacité, d’ailleurs, avait été scandaleuse, et, pour venger l’échec de l’expédition, l’Occident songea un moment à diriger une croisade contre Byzance (n5o). C’est qu’aussi bien, la politique impériale à l’égard des Latins d’Orient justifiait ces défiances et accroissait l’hostilité entre les deux mondes. La principauté normande, que la première croisade avait établie à Antioche, était, par l’ambition de ses chefs, Bohémond et Tancrède, fort gênante pour les Byzantins. Ils luttèrent contre elle de toutes leurs forces, par les armes et par la diplomatie; un moment, le traité de 1108, imposé à Bohémond, sembla assurer le succès de la politique impériale, en mettant Antioche sous la suzeraineté grecque. Mais ce traité ne fut jamais exécuté. Tout était à recommencer. Jean et Manuel Comnène s’y appliquèrent, avec de plus larges ambitions encore. L’un et l’autre rêvèrent d’établir réellement leur autorité sur les principautés arméniennes de Cilicie et sur les États latins de Syrie, et ils y réussirent. Vers l’année u3i, Léon, prince d’Arménie, avait fort agrandi ses domaines aux dépens de la Cilicie grecque, et il avait fait alliance avec