LA POLITIQUE EXTÉRIEURE l55 * compagna d’abord les croisés. Mais lorsque, après la prise d’Antioche, les croisés oubliant leur promesse donnèrent la ville à Bohémond (1098), lorsqu’ensuite ils refusèrent d’attendre l’empereur pour marcher sur Jérusalem (1099), la rupture fut consommée. Alexis ne pouvait pardonner à Bohémond son usurpation; il ne s’entendait guère mieux avec les autres Latins établis en Syrie. L’insuccès de la croisade de 1101, dont on rendit en Occident les Grecs responsables, aggrava encore la mésintelligence. L’échec de l’entreprise de Bohémond contre l’empire (1107) augmenta la mauvaise volonté des Latins pour Byzance. Les croisés avaient en fait eu plus de torts que l’empereur : la légende hostile aux Byzantins ne s’en répandit pas moins dans tout l’Occident. L’abîme entre les deux mondes se 1 creusait. Il en alla de même lors de la seconde croisade (1147)- Manuel, qui régnait alors, était, comme Alexis, fort soucieux de la venue sous les murs de sa capitale de ces grandes armées que conduisaient le roi de Germanie Conrad III et le roi de France Louis VII. Avec les Allemands, il s’entendit à peu près et il s’en débarrassa vite; avec les Français, il eut tant de difficultés qu’un moment les croisés songèrent à prendre Cons-!