IRÈNE ET LA RESTAURATION DES IMAGES 79 Diminuée au dehors, la monarchie était affaiblie au dedans par la complaisance excessive que le gouvernement montrait à l’Eglise, par les divisions profondes qu’avait laissées la querelle des images, par le fâcheux exemple enfin qu’avait donné Irène en rouvrant l’ère des révolutions dynastiques. Sans doute l’époque iconoclaste avait été marquée par un grand élan intellectuel et artistique ; les empereurs isauriens n’étaient point des puritains; tout en proscrivant les images, ils avaient aimé le faste, l’éclat mondain de la vie de cour, et pour parer leurs construc-¡ tions, ils avaient encouragé un art profane, inspiré de la tradition antique aussi bien que des modèles arabes; et par là encore, aussi bien que par la place que tiennent, au vin6 siècle, les Asiatiques, l’empire avait achevé de s’orienta-liser. Mais quelque grand rôle que conservât la monarchie, comme champion de la chrétienté contre l’Islam, comme gardienne de la civilisation contre la barbarie, elle était, à la fin du vme siècle, partout menacée de périls redoutables, et elle était très faible. La chute d’Irène, renversée par le coup d’Etat de Nicéphore (802) allait ouvrir la porte aux désastres et à l’anarchie.