LA MACÉDOINE SERBE ICI Pour compléter la victoire remportée, on envoya à Mitrovitsa un émissaire, qui, sous prétexte de porter des vêtements à des parents, devait persuader aux notables arrêtés de se proclamer Serbes, eux aussi. On lit lire aux habitants les journaux qui se félicitaient de l’événement. Plusieurs hésitèrent, puis ce fut la majorité. Quand le terrain fut ainsi préparé, un clerc du commandant militaire parut devant les prisonniers. Il avait dans les mains la liste « des bulgarisants d’Uskub ». mais il n’en était pas sûr et il voulait la vérifier. C’était évidemment une faute : on avait inscrit comme « bulgarisant » tout le contingent d’après les affirmations des premiers à qui l’on avait demandé de déclarer leur nationalité. En effet, ce n’étaient que. les maîtres d’école, les fonctionnaires et quelques citadins qui étaient « Bulgares ». Les autres se montraient prêts à se reconnaître Serbes. On leur donna encore une semaine pour réfléchir. Ensuite le même clerc leur apporta une déclaration à signer, par laquelle ils renonçaient formellement à l’exarchie et demandaient à être mis en liberté. La plupart signèrent; ceux qui se firent inscrire comme Bulgares furent déclarés rebelles et agitateurs notoires. Pourtant, les uns comme les autres furent gardés en prison jusqu’à conclusion du traité de Bucharest (le 29 juillet/11 août). Bevenus à Uskub, les maîtres d’école reçurent l’invitation de rester au service serbe, ou, en cas de refus, de s’en aller en Bulgarie. signèrent une déclaration dans laquelle ils disaient qu’ils préféraient être renvoyés, et, dès le 6/19 août, ils arrivèrent, par Nich et Pirote, à Sofia. Quelques jours après, deux autres groupes de maîtres d'école d'Uskub les suivirent. La serbisation de la préfecture d’Uskub était chose faite. A Vélès, objet des premières prétentions serbes « au delà de la frontière » convenue par le traité, nous allons retrouver les mêmes méthodes et les mêmes étapes de serbisation. Le chef de la bande autorisée qui, le 4/17 février, chassa de Vélès le remplaçant de l’archevêque Mélétius, après la scène de violence habituelle, s’appelait Vaïno Popovits, et son adjoint, Douchane Dimitrievits. On profita, ensuite, d'un intérim (jusqu’au retour de Mélétius, le 28 mars/ 10 avril) pour s’emparer des monastères et des églises que les bulgares possédaient dans la ville. A la fin de février, on proposait déjà aux maîtres d’école de devenir fonctionnaires serbes : puis, comme ils refusèrent, on les menaça de persécutions. La bande noire locale leur donna quelques exemples de ce qui les attendait, et les maîtres d’école furent forcés de ne pas sortir de chez eux et de ne pas se saluer dans les rues pour ne pas être maltraités. C’est alors, qu’à la veille de Pâques, on remplaça les bandes locales envoyées dans les villages par les bandes d’Uskub dont les consuls avaient demandé le renvoi. Pour ruiner la fête nationale bulgare des Saints Cyrille et Méthode (11/24 mai), l’Administration ordonna à la population de réparer les routes. Mais les habi- 11