212 LA GUERRE ET LE DROIT INTERNATIONAL sauvé par les infirmiers. Le capitaine Noureddine et le lieutenant Nadji furent, eux aussi, tués à Andrinople, le jour de la prise de la ville, après s’être rendus. Ils étaient escortés par des soldats et des sous-officiers. Les soldats leur dirent : « Vous nous avez fait beaucoup de mal avec vos mitrailleuses; vous allez nous « payer tout cela maintenant ». Et ils se mirent à tuer les prisonniers (20 soldats et 2 officiers). Avant la fin du carnage, un officier bulgare arriva et sauva la vie au témoin, un certain Melimed Begtchété et à un autre soldat. Un troisième prisonnier a raconté qu'un groupe de i5y captifs fut emmené d'Eriuler. Les soldats les maltraitèrent et les poussèrent de leurs bâtons. Trois d’entre eux, qui étaient blessés au pied, ne pouvaient pas marcher assez vite ; ils furent passés à la baïonnette. Les rares blessés qui ont la chance de ne pas mourir de ces horribles sévices, une fois à l’hôpital, jouissent en général d'un bon traitement de la part du personnel médical. Il est vrai que souvent les soldats ennemis malades, qui sont couchés dans la même chambre, surtout durant les premiers jours, se comportent envers eux d’une manière indigne. Ensuite, un revirement survient presque infailliblement, grâce au personnel des hôpitaux (étranger en majorité), et l’humanité reprend ses droits. Les membres de la Commission l’ont constaté partout où ils ont eu l’occasion de visiter un hôpital. Dans l’étape suivante — le traitement des prisonniers bien portants internés dans des localités diverses — on ne s’est pas trop écarté des prescriptions de la Convention, en ce qui concerne la Bulgarie et la Serbie. Malgré les récriminations mutuelles des journaux des deux pays, en général, les prisonniers ne souffrirent pas trop, ni à Sofia, ni à Belgrade. Un officier bulgare, M. Kissélitsky, nous disait, à Sofia, que les officiers et surtout les soldats étaient mal logés à Belgrade, qu’il y avait, par exemple, jusqu’à une centaine de personnes dans une pièce qui n’en pouvait contenir que trente. L'organisa-salion sanitaire était insuffisante (fig. a3); l’unique docteur serbe (M. Vasits) venait rarement. Quant à l’autre docteur, un Grec de Gumuldjna, il s’était tant moqué des prisonniers qu’ils avaient demandé eux-mêmes à ne plus recevoir ses soins. Les soldats turcs prisonniers que nous avons vus à Sofia avaient 1 air assez bien portants, mais ils se plaignaient de la mauvaise qualité de la nourriture. Les prisonniers grecs ne critiquaient pas la nourriture, ils la «lisaient seulement médiocre (inetrio). Un prisonnier serbe (un paysan qui s était évadé de Bulgarie) disait : « Il y avait assez de pain. Ils (les Bulgares) nous donnaient ce qu’ils avaient eux-mêmes. » Quant au travail des prisonniers (autorisé par la Convention de la Haye), le Gouvernement bulgare affirme que ceux qui ont été employés aux travaux d Etat ont été rémunérés comme des soldats bulgares, c’est-à-dire qu'ils n’ont