EN THRACE 115 « Autrement, vous savez ce qui vous arrivera », ajoutait l’officier en montrant son revolver. Le mouktar refusa et invita l'officier à le tuer plutôt... Ensuite, « on enferma les hommes dans l’église..., on réunit toutes les femmes dans « une grange spacieuse et les militaires banquetèrent pendant vingt-quatre « heures, en violant toutes les femmes de huit à soixante-quinze ans ». L’armée emmena avec elle une quantité de jeunes filles de chaque village. A Kolibia, une jeune fille, poursuivie par un soldat, tomba de la fenêtre. Alors que son corps palpitait encore, le soldat se rua sur elle comme une brute : sv w xo gwimx r,azoupev, o azpz'i'hzr,- èztnîÇï v.xz avri5; Y.mvcùdûz. Le rapport grec a soin d’ajouter : « Les kaïmakams demandent quon signe la déclaration que toutes ces infamies... ont été commises par l'armée bulgare. » Ces paroles expliquent pourquoi, dans les déclarations, signées par les Grecs et écrites au nom de la population, que Le Jeune Turc a publiées au mois d’août 1913, les accusations contre les Bulgares sont si nombreuses. On voulait, en effet, décharger les ùmipes ottomanes de tous les crimes commis *. Ajoutons encore un rapport du 9 juillet, sur les événements d’Ahir-keui (Ahir-keuï à l’est de Visa?), qui prouve que le même système était appliqué dans toute l’étendue des pays occupés de nouveau par l’armée turque : « Hier « soir, 7 juillet, les gendarmes désignés pour garder les habitants du village « d Ahir-keuï, ont séparé les hommes des femmes et des enfants. Ils ont « bàtonné tous les hommes sans pitié et en ont blessé plusieurs à la baïonnette, « et ils ont violé les jeunes filles et les femmes, en s’adonnant au libertinage « avec elles pendant toute la nuit. » C’est ainsi que toute cette partie de la Thrace fut entièrement dévastée. Le rapport grec du 9 juillet constate que l’armée ottomane a « massacré, violé et brûlé « tous les villages des cazas de Malgara et d’Aïrobol. 1.970 familles delà caza « de Malgara et 690 de la caza d’Aïrobol, c’est-à-dire une population de iii.960 1 Par exemple, à Has-keuï, où, selon l’information citée plus haut, il y avait eu « un nombre assez grand de familles » tuées ou brûlées par les Turcs, voici la déclaration des notables du village, présentée au kaïmakam de la caza Aïrobol : « Nous démentons catégoriquement les <( insinuations malveillantes portées contre l'armée ottomane et, en les réprouvant, nous protes-« tons contre les crimes tels qu’incendies, assassinats de personnes, etc., perpétrés pur l'armée « bulgare, dans notre ville, à Has-keuï et à Aktchilar-Zatar, lors de la retraite des Bulgares de ces localités. » Signé : « Triandaphilou et Yovanaki, membres du Conseil d’administration du la caza, notables grecs, Papa Kiriako, représentant du métropolite Dimitri, vicaire de Ilas-keuï, Polioyos, notabilité commerciale grecque. » Voir L’Union, du 24 juillet, qui publie dans le même numéro un entrefilet sous le titre : Actes de sauvagerie bulgares en Thrace. Le membre de la Commission qui visita un autre village du même nom, Has-keuï, dans le voisinage d’Andri-nople, demanda à voir le prêtre du village, Constantinos, qui, lui aussi, avait signé une liste assez longue des méfaits bulgares commis dans ce village. (Pour vérifier le fait, voir Le Jeune Turc du 2 septembre.) Ce prêtre ne s’est pas présenté.