LA. CONDUITE DES BULGARES DURANT LA SECONDE GUERRE 69 qu'ils étaient commandés par le capitaine Doukas. Un docteur russe, appartenant au service sanitaire bulgare (le docteur Klugmann; voir Annexe n° 22) qu’on avait laissé dans la ville, entendit, le lundi, un prêtre grec qui convoquait les habitants au palais de l’évêque, où des armes furent distribuées, d'abord aux Grecs, puis plus tard aux Turcs. Du lundi matin au jeudi soir, ces irréguliers grecs et la milice civile qu’ils avaient organisée furent les maîtres de la ville. Trois fois de suite ils furent attaqués par de petits détachements bulgares qui s’en revenaient tenter des escarmouches sur les hauteurs et du côté de la gare, assez éloignée de la ville. Mais ces éclaireurs bulgares n’étaient pas en force suffisante pour entrer dans la ville. Un télégramme envoyé le jeudi par l’archevêque au roi Constantin (voir le Temps du i3 juillet) lui demande de faire occuper la ville en toute hâte, ajoutant qu’elle se défend avec succès contre les attaques bulgares. Il mentionne qu’il gouverne la ville, que les autorités bulgares l’ont abandonnée depuis une semaine, mais qu’il craint cependant que la possibilité de résistance des habitants ne soit bientôt à bout. Ces attaques bulgares, dont on ne voit pas bien le but, ont dû contribuer à enflammer chez les Grecs l’esprit de vengeance. Le principal souci de la milice de l'archevêque, pendant cette semaine-là, semble avoir été de pourchasser la population bulgare, et à l’intérieur de la ville et dans les villages voisins. On conçoit que cette conduite ait pu leur être dictée, au premier moment, par la crainte d’une coopération entre cette petite minorité du dedans et l’ennemi qui les attaquait du dehors. Une populace grecque, en armes, suivit de maison en maison quelques soldats en uniforme, menaçant les Bulgares et tous ceux qui tenteraient de leur donner asile. Leurs maisons furent pillées, leurs femmes maltraitées, tandis que les hommes étaient arrêtés et conduits, un par un ou en groupes, au palais de l’évêque. Là, on les fit comparaître devant une commission de laïques présidée par un prêtre. Tout ce qu'ils avaient d’argent sur eux fut saisi, et la seule question qu’on leur posa fut de leur demander s’ils étaient ou non Bulgares. Tout cela est attesté par le Dr Klugmann ; et le témoignage de ce médecin russe confirme absolument celui des paysans bulgares. Du palais épiscopal, les prisonniers furent conduits à une école de filles, dans le voisinage. Là, on les enferma étroitement dans plusieurs salles, par groupes de 5o et 60. De nouveaux paquets de prisonniers continuaient à arriver de la ville et des villages, si bien que le nombre des prisonniers bulgares finit par atteindre 200 ou 25o. Une partie des geôliers étaient des habitants de Serrés. On sait le nom de certains d’entre eux. Une autre partie était constituée par des irréguliers en uniforme. Ils commencèrent tout de suite à se conduire avec une grossière cruauté. Les prisonniers furent garrottés et frappés à coups de crosse. Le plan des gardiens était, évidemment, de massacrer les prisonniers par séries. On les conduisit