LA MACÉDOINE SERBE 165 pouvoirs publics fut celle-ci : « Vous êtes pavés par l’exarchie ; donc, c’est la « Bulgarie qui vous paie. Nous sommes les ennemis des Bulgares, et c’est « pourquoi nous vous traitons comme des agents provocateurs d'un pouvoir « ennemi. » On ne voulut pas entendre leur réponse, à savoir que jusqu'alors, le plus souvent, les appointements des maîtres d’école avaient été payés par les communautés religieuses. Le i3/a6 juillet, ils furent, au nombre de trente en\iron, conduits sous escorte, par Prilèpe, à Vélès et, de là, par Uskub, — où ils furent rejoints par les autres instituteurs protestataires de Prilèpe et de Bésen, — à Smédérévo. Le 28 juillet/10 août, ils arrivèrent à Lom (Bulgarie) par un bateau autrichien du Danube. Inutile d’insister sur les traitements qu'ils eurent à endurer en cours de route. A Monastir, le but était atteint. Le 7/20 juillet, on célébra solennellement par un service divin « l'unilé, l'accord et l’amour » auquel prirent part les prêtres bulgares qui venaient de renoncer à l’exarchie, conjointement avec le clergé serbe. Après le service, il y eut un meeting, où M. Tsvetkovits, le spirilus movens de l’administration serbe de Monastir, fit un ’discours sur la réconciliation du peuple et sur son retour dans l’ancien giron serbe. Après les discours, on lut la déclaration que nous connaissons déjà et le meeting prit fin aux cris de : Vive la Serbie ! Vive l’armée serbe ! Vive le roi Pierre ! Vive le prince héritier Alexandre, le libérateur de Monastir ! Il nous reste peu de chose à ajouter concernant les autres villes de la préfecture de Monastir. Nous possédons un document intéressant sur Prilèpe, « la ville de Marko Kraliévits », le héros légendaire serbe : c’est une proclamation du commandant de la place, M. Michel Nénadovits, datée du 6/19 mars. On y voit queM. Nénadovits a perdu toute illusion touchant 1’ « amour » et la « concorde » de la population libérée : Prilèpe, il faut le dire, était, avec Vélès, une des places fortes du bulgarisme en Macédoine, et M. Nénadovits l’apprit à son détriment. « Je ne vous reconnais plus, écrit-il, vous, mes gens de Prilèpe « dont j’étais si fier ! Les agitateurs et les ennemis du peuple serbe (que je con-« nais très bien) ont provoqué, parmi les citoyens paisibles et honorables de cette « ville, une telle effervescence que je n'ai plus devant moi mes vieux Prilé-« piens !... Comment ! c’est par des machinations contre ma vie que vous payez « mon amour pour vous ! Quoi ! telle est votre reconnaissance pour ma mansué-« tude que vous complotez maintenant , au fond de vos maisons, de m’ôter la tête ! « Mais ma patience est à bout. L'armée bulgare, que vous attendez chaque « jour si avidement, ne viendra pas. A votre grand regret, elle ne viendra « jamais, entendez-vous ? Je vous le garantis de toute l’autorité de ma personne « et de mon nom !... La désirer seulement est une honte. Si vous voulez savoir à « qui appartiendra Prilèpe, allez sur les hauteurs de Monastir, sur la montagne « de Babonna, le Bakarno Goumno, et demandez-le auxnombreux tombeaux des