LA CONDUITE DES BULGARES DURANT LA SECONDE GUERRE 65 civils ayant pris les armes. Des femmes et des enfants, au nombre de plus de 100, furent massacrés dans l’une des maisons, et le massacre s'aggrava de toute la barbarie imaginable. Nous publions dans l’Appendice (n° i\) une lettre où le commandant Cardale, officier de marine anglais, au service des Grecs, décrit l’aspect du village qu'il a visité peu après le massacre. Nous donnons, en outre, dans l’Appendice, quatre récits bulgares de ce même épisode de Doxato. M. Dobrev, qui était préfet de Drama, et qui s’y acquit l’estime des Grecs par sa conduite (voir la brochure grecque : Atrocités bulgares, p. 4g). a raconté toute l’histoire avec une sincérité évidente. Le capitaine Sofroniev, de la Garde Royale, qui commanda l’attaque des deux escadrons contre Doxato, raconte clairement la part qu’il prit à cette affaire et nous a montré les rapports de ses éclaireurs, écrits au crayon, sur papier à en-tête officiel (Annexe i5). Le lieutenant Milev, dans une déposition écrite, nous expose ce qu'il a su de l’action de l’infanterie, et le lieutenant-colonel Barnev explique les dispositions militaires qu’il a prises. Ces quatre dépositions ont convaincu la Commission que, sans aucun doute, les Grecs avaient organisé parmi la population civile un formidable mouvement militaire, que Doxato en était l’un des centres et que plusieurs centaines d’hommes armés y étaient rassemblés. La provocation venait des Grecs : non seulement ils avaient donné l’exemple en massacrant, de manière barbare, les Musulmans non combattants, mais surtout ils avaient réussi, à Doxato même, un coup de main contre un convoi bulgare. L’état-major bulgare était donc dans son droit en donnant l’ordre d’attaquer les Grecs insurgés concentrés à Doxato. Il ressort de ce rapport du capitaine Sofroniev que ses hommes rencontrèrent chez ces andarles grecs une résistance obstinée : un de ses escadrons eut 17 tués et 24 blessés dans l’attaque. Au cours de la charge qui les dispersa définitivement, il pense que ses soldats tuèrent au moins i5o Grecs, et peut-être le double, tous, assure-t-il, hommes armés et combattants. Il nous semble difficile de croire que des forces irrégulières et sans expérience de la guerre aient pu résister à de la cavalerie de manière à autoriser ce massacre. Une femme fut blessée dans la charge (Annexe n° 16). Le capitaine Sofroniev ajoute que ses hommes firent des prisonniers. Il en confia la garde aux paysans turcs qui arrivaient des villages d’alentour, pleins du ressentiment qu’avaient allumé en eux les violences des Grecs contre leurs voisins. Il autorisa ces Turcs à se saisir des armes qu’ils trouveraient sur les insurgés grecs vaincus. Cela revenait à décréter le massacre des prisonniers. Tous ces Turcs avaient contre les Grecs des griefs récents ; ils étaient venus à Doxato, avec l’arrière-garde de l’armée bulgare, dans un désir de pillage et de revanche. La cavalerie opérait en dehors du village. Les forces qui y pénétrèrent étaient en grande partie composées de Musulmans bulgares 5