INTRODUCTION xv « Créons, le 21 août 1913, « Mes chers Collègues, « Les sceptiques vous demanderont : Qu’allez-vous faire ? « Un peu de lumière, pourrez-vous répondre, et ce sera beaucoup. Un peu de lumière c’est nécessairement de l’apaisement et du progrès. « Votre mission est autant d’ordre économique que d’ordre moral. A votre retour, en publiant votre jugement qui, je l’espère, sera unanime, et dont l’autorité sera d’autant plus grande qu’il sera exceptionnellement désintéressé, vous contribuerez à faire comprendre, dans les deux mondes, une vérité bien simple : c’est que ces malheureux Etals balkaniques ont été jusqu’ici victimes des divisions européennes beaucoup plus que de leurs propres fautes. Si l’Europe avait voulu vraiment les aider depuis trente ans, elle y aurait créé ce qui fait la vie, c’est-à-dire la circulation, des chemins de fer, des tramways, des routes, des télégraphes, des téléphones et, par surcroit, des écoles. Ces fertiles pays, une fois reliés au reste de l’Europe et desservis comme le reste de l’Europe, se seraient d’eux-mêmes pacifiés, en travaillant, en commerçant et en s'enrichissant en dépit de leurs inextricables divisions. « On a préféré en faire des belligérants ruinés plutôt que de jeunes clients de la civilisation. « Il n’est pas trop tard pour revenir de cette longue erreur. Vous êtes les précurseurs d’un ordre économique nouveau, singulièrement important pour chacun des Gouvernements ; vous serez, sans y prétendre, et à cause même de votre désintéressement, les auxiliaires de leur salut. Après avoir constaté le mal qui n’est, hélas ! que trop évident, vous aiderez chacun des Gouvernements à le réparer en faisant connaître, par votre rapport, ses véritables intentions, ses ressources ; et par là môme, vous répondrez au vœu général de l’opinion qui ne veut pas désespérer, qui n’admet pas qu’une fraction de l’Europe soit laissée plus ou moins en friche, alors qu’elle pourrait participer magnifiquement au progrès général qui se poursuit fiévreusement partout ailleurs. « J’espère que vous pourrez vous inspirer de ces vues que vous connaissez bien pour vous entretenir avec les personnalités que vous aurez l’occasion de rencontrer ; chaque Gouvernement a intérêt à ne pas laisser se répandre des légendes à son préjudice. Vous pourriez rendre à chacun d’eux un très grand service. « Notre mission publiera, dès son retour, en Europe et en Amérique, un rapport qui sera traduit, largement répandu et commenté. Ce rapport contiendra, non pas le récit mais la confirmation ou la rectification des faits jusqu’ici publiés. Nous sommes disposés à y joindre un court exposé de la situation, rédigé par chacun des intéressés eux-mêmes, quant au passé, quant au présent, quant à l'avenir. h