LES SERBES PENDANT LA SECONDE GUERRE 341 En traversant, avec le bataillon, les villages d’Ormanovo (arrondissement de Petrits), de Novo-Sélo, de Bossilovo, de Dabine, de Robévo (arrondissement de Strumaitz), nous entendîmes des récits de paysans qui parlaient, les larmes aux yeux, des traitements inhumains auxquels les avaient soumis les officiers et les soldats grecs. A Ormanovo, le commandant de Petrits aurait ordonné que tous les hommes fussent enfermés au commissariat de police. Ils y furent maintenus sans nourriture pendant trois jours et maltraités par les soldats grecs. Ces derniers leur réclamaient une livre turque (2.I francs) pour une goutte d’eau..On avait réuni dans une maison toutes les femmes et les jeunes filles, à partir de huit ans, et c’est là qu’ils les souillaient. Ils pénétrèrent de même dans les villages de Bossilovo, de Dabine, de Robévo (arrondissement de Strumitza). Dans ce dernier village, les soldats grecs ligotèrent le prêtre bulgare ; et c'est devant ses yeux qu’ils violèrent d’abord sa fille et puis les autres. Enfin, ils fusillèrent le prêtre et sa fille et mirent le feu au village, qui brûla. Les deux tiers de Strumitza ont été incendiés, notamment les quartiers grécoman et turc et quelques maisons grecques se trouvant au quartier bulgare. Tous les édifices gouvernementaux, ainsi que les casernes, sont également brûlés. Au moment où on allait mettre le feu au quartier bulgare, où quelques maisons étaient déjà en flammes, arriva de Salonique M. Cooper, américain de la Mission Evangélique. M. Cooper se présenta devant le commandant grec, qu’il pria de faire cesser l’incendie, déclarant qu'il s’adresserait au consul d’Angleterre, à Salonique, Le feu fut étouffé par ordre du commandant. Je tiens ce témoignage de M. Cooper lui-même, qui a envoyé au consul anglais, à Salonique, des photographies de la ville incendiée par les Grecs. La nouvelle église bulgare, un solide édifice en pierres, est à moitié en ruines à la suite de l’explosion de trois bombes que les Grecs y avaient placées pour la faire sauter. Les hôpitaux bulgares sont également réduits en cendres. Les soldats bulgares grièvement blessés qui y étaient restés furent laissés sans aucun soin et sans nourriture, les sentinelles grecques gardant pour elles tout ce que les braves femmes de la ville apportaient aux blessés, pain, lait, etc. Enfin les soldats blessés furent enfermés dans la tour turque, à laquelle on mit le feu. Le 3/i6 septembre, jour où les Grecs évacuèrent la ville, les cadavres carbonisés de ces soldats gisaient encore dans les ruines de la tour. Dans la ville, les excès commis par les Grecs ne furent pas moins nombreux. Une institutrice m’a raconté que, dans la nuit du 10/23 août, elle avait été amenée dans les casernes, où elle fut d’abord outragée par le commandant grec et puis par 2.4 soldats à tour de rôle. La malheureuse est maintenant dans un état piteux.