LA GUEKKE ET LES NATIONALITÉS bles, avaient été tués, el 011 ne savait pas où étaient leurs cadavres. En passant par les villages de Polénitsa et de Lechnitsa, on ne rencontrait personne. Le village de Sclara avait été brûlé, mais il restait là douze ou treize familles. Les autres familles étaient encore dans la montagne, de peur d’une nouvelle invasion grecque. Toutes les femmes de ce village, entre dix et cinquante ans, avaient été rassemblées par les Grecs dans la maison de Mito Konstantinov, et on les avait réparties entre les soldats, à raison de trente soldats pour une femme. Une jeune fille de dix-liuit ans, Matsa Andoné Pantchéva, qui avait achevé ses études à l'école, ne voulait pas se rendre. Elle proposa aux Grecs de l'argent pour leur permettre de payer des femmes publiques, à condition qu’on l'épargnât. Les soldats parurent accepter et ils reçurent d’elle 60 livres turques. Comme, après cela, ils n’en voulaient pas moins la violer, elle se défendit en s’écriant : « Je préfère mourir honnête fille. » On la tua à coups de baïonnette. M. Témelkov et ses compagnons ont traversé ensuite les villages de Khotovo et de Spatovo. Il n‘y avait personne : la population tenait encore la montagne. Les villages étaient complètement brûlés. Ils ont visité Mandjovo et Tchiflitsi : tout était vide et brûlé. Ils arrivèrent ensuite à Melnik, — cette bourgade de Melnik que la presse grecque prétendait avoir été brûlée par la population (grecque) qui n’y voulait plus vivre.sous le régime bulgare. M. Témelkov a affirmé, comme les autres témoins, que la ville n’était pas brûlée. On n’avait incendié que le casino militaire, un hôtel et la station des postes et télégraphes située dans la même maison que le casino. Les maisons grecques étaient vides : les Grecs avaient emporté le mobilier avec eux. On raconta à M. Témelkov que les Grecs avaient émigré sur l'ordre exprès du Gouvernement grec, et que cet ordre avait été donné quand on eut appris que Melnik resterait bulgare. Pour que les Grecs pussent emporter avec eux tout leur bien à Demir-Hissar, on leur avait procuré des automobiles et des chariots. On avait maltraité les hommes pour qu’ils consentissent à prendre ces chariots et à s’en aller. Le même ordre avait été donné et exécuté à Névrocop, et là, il avait fallu également recourir à la force, pour contraindre les habitants grecs à partir. On avait saisi aussi, par ordre des officiers, tout le contenu des grands magasins bulgares établis à Melnik, et notamment de ceux de Témelko-IIad-jiyanev (nom du père de M. Témelkov), de Constantin Popé-Tachev, etc. Les petites boutiques et les maisons privées bulgares avaient été abandonnées au pillage de la population. M. Témelkov reçut des nouvelles de son père et de sa mère, demeurés à Melnik, tandis qu'il s’enfuyait en Bulgarie. Les soldats firent venir son père et lui dirent : « Que feras-tu maintenant ? Nous voulons des hommes ici, et non des ours. Fais-toi Grec pour pouvoir habiter ici. » Celui-ci, un vieillard de