176 LA GUERRE ET LES NATIONALITÉS ces derniers témoignages, les souvenirs du commandant de la garnison bulgare de Salonique, le major Vélisar Lazarov, publiés dans le journal bulgare Polilika du mois de novembre, tiennent la première place. Sans nous arrêter aux nombreux incidents survenus entre les maîtres actuels de la ville et ceux qui aspiraient à prendre leur place, nous en tirerons la conclusion générale que les relations entre les militaires grecs et bulgares, habitant côte à côte à Salonique, furent extrêmement tendues pendant tout le temps de l’occupation commune. Les discussions interminables pour savoir à qui revenait la gloire d’être arrivés les premiers dans la ville et la tentative bulgare d'introduire dans Salonique un nombre de soldats plus grands que celui dont on était convenu au début, ont contribué à envenimer les relations. 11 ne restait, pourtant, depuis avril 1913, à Salonique, que trois compagnies du 1régiment d'infanterie macédonienne, et la situation de ces troupes avait été réglée, au mois de mai, par une convention spéciale entre les deux Gouvernements. Cette petite garnison fut logée dans une douzaine de maisons, situées dans les différents quartiers de la ville, rue Ilamidié, rue Midhat-pacha, rue Feisli, etc. On envoyait d’autre part jusqu’à seize piquets pour garder les établissements officiels et les logements habités par les hauts fonctionnaires militaires, civils et ecclésiastiques bulgares. C’est ainsi que la force militaire bulgare se trouvait dispersée dans la partie orientale de la ville. Le 17/30 juin, le général Hessaptchiev, représentant du Gouvernement bulgare au quartier général grec, quitta Salonique en raison de l’ouverture des hostilités. Quelques officiers militaires qui l’accompagnèrent à la gare purent se rendre compte, à plusieurs signes certains, que les Grecs se préparaient à l’attaque. M. Lazarov alla alors en toute hâte de la gare à l’état-majorbulgare, vis-à-vis de l’ancienne église de Sainte-Sophie, pour prévenir ses officiers et ses soldats. De là, il se rendit rue Feisli, à la maison d’école turque, où le plus grand nombre des soldats bulgares étaient logés. Une lettre du commandant grec, le général Calaris, l'y rejoignit. Le général l’informait que les hostilités avaient été ouvertes par 1 armée bulgare et lui proposait de sortir de Salonique avec sa garnison, en une heure, après avoir rendu ses armes. Passé ce délai, on considérerait I armée bulgare de Salonique comme ennemie, et on agirait en conséquence. Le train du général Hessaptchiev était parti à 1 heure. Il était 3 heures à peine quand M. Lazarov reçut la lettre de Calaris, et une demi-heure auparavant, a 2 heures et demie, les soldats grecs avaient [commencé l’attaque des piquets bulgares. M. Lazarov écrivit sa réponse sous les coups de fusil. II y demandait la permission de communiquer télégraphiquement avec ses supérieurs. A heures, après deux heures d'un feu bien nourri, les Grecs donnèrent 1 ordre de 1 arrêter, alléguant un malentendu. Puis le consul français M. Jocelin, survint, et demanda à parler à M. Lazarov. — « Très bien », luj