118 BULGARES, TURCS ET SERBES et jetée dans un puits. On a trouvé dans la cour une partie de ses cheveux coupés avec la peau et ses habits souillés de sang. DanslaThrace occidentale, la circulation était devenue impossible au moment du passage de la Commission. Les Grecs et les Turcs convoitaient également ces régions, adjugées à la Bulgarie par le traité de Bucharest. Après le départ de l’armée bulgare, les 9/22 et 10/23 juillet, le pays fut occupé par l’armée grecque, et la population fut peu inquiétée, « probablement grâce à la nomination d’une Commission européenne d’enquête » (il s’agit de la Commission Carnegie), comme le supposa un journal bulgare, Izgrève. Mais après le départ des soldats grecs, le 6/19 septembre, jusqu’à l’arrivée définitive de l’armée bulgare, la population fut entièrement au pouvoir de la « milice » républicaine, c'est-à-dire des « andartes » grecs et des « Bachi-bouzouks » musulmans, groupés par les prêtres, les maîtres d’école et les secrétaires des métropolites grecs. La population bulgare, qui n’avait rien de bon à attendre de cette milice, fut prise de panique et se précipita de tous côtés à Dédé-Agatch, où il y avait encore des soldats réguliers grecs. Mais les autorités militaires ne leur permirent pas d’entrer dans la ville, et cette foule de iS.ooo réfugiés stationna à un quart d’heure de distance, dans le quartier bulgare et dans les casernes. Le 19 septembre, les dernières troupes grecques quittèrent Dédé-Agatch avec le bateau, et le métropolite grec prévint les volontaires musulmans de leur départ. C est pourquoi les réfugiés, à l’exception d'une centaine, n’eurent pas le temps de s’abriter dans la ville : ils furent cernés par les « Bachi-bouzouks » de la « milice » et emmenés à Féré et à Ipsala, « comme un troupeau de brebis ». Ils passèrent la nuit à Ouroumdjik, où on leur prit tout leur argent et où on massacra le maître d’école Kaïriakov, avec sa femme, du village de Baly-keuï. Le matin du u3 septembre, ils rencontrèrent sur leur chemin une compagnie de volontaires bulgares qui délivrèrent la plus grande partie des réfugiés des mains des Bachi-bouzouks. Pendant la retraite, pourtant, les Bachi-bouzouks réussirent à massacrer environ 100 femmes et enfants, restés en arrière avec les bagages, et emmenèrent avec eux 100 à i5o femmes et enfants. Le reste prit le chemin delà Bulgarie, avec les libérateurs. Mais le lendemain, septembre, il y eut une nouvelle rencontre avec les Bachi-bouzouks, près du village de Pichman-keuï. Dans cette rencontre, il y eut 5oo tués et 200 femmes et enfants furent faits prisonniers. Il y avait encore des nouveaux venus, et le nombre général des fugitifs montait à 8.000. A une heure de la rivière Arda, une nouvelle tuerie les attendait. Après le passage de la rivière, ils se comptèrent : ils n'étaient plus que 7.200. Le sort de ceux qui étaient restés à Dédé-Agatch ne fut pas meilleur. Un crieur public proclama, plusieurs jours de suite, l’ordre, pour les Bulgares, de quitter la ville. Les récalcitrants devaient être tués avec leurs recéleurs, comme