II ATRE DE LA GUERRE SERBO-BULGARE 4.01 Yélashnitsa. Sous tous ces ponts, les Bulgares avaient disposé les tables, les chaises, les armoires et autres objets en bois qu’ils avaient pris à l’hôtel de ville ; ils avaient versé de l'essence là-dessus et y avaient mis le feu. A l’entrée de Kniajevats, à gauche de la grande route, se trouvaient les casernes du i4e régiment d'infanterie. Elles se composaient de quatre pavillons, d’un corps de bâtiment à deux étages et d’autres bâtiments latéraux. Le foin se trouvait tout près. On y mit le feu et l’incendie a détruit trois des pavillons, ainsi que le bâtiment à deux étages. Un seul pavillon n’a eu que l’intérieur, la porte et les fenêtres de détruits par le feu. Un grand nombre de fusils ont été brûlés. Toutes les munitions trouvées dans les casernes ont été réunies et portées à l’endroit où s’élevait le nouveau pont de fer au-dessus du Tzgovishki-Timok, à l’entrée même de la ville. Puis on creusa le sol sous le pont; on y disposa des mines que l’on fit exploser au moyen de l’électricité. Le pont fut de la sorte projeté en l’air : sa charpente de fer est complètement détruite. La grosse quantité des munitions qui n’avaient pas fait explosion ont été jetées dans la rivière, d’où on les retire maintenant pour les faire sécher. En entrant à Kniajevats, des deux côtés de la ville basse et, aussi, de la rue qui traverse la rivière et conduit à la poste, on peut voir plusieurs maisons et plusieurs boutiques brûlées. Tout cela a été complètement détruit par le feu, mais les ruines s’effritent encore. Il y a vingt-six de ces maisons et vingt propriétaires qui ont été atteints de la sorte. En ce qui concerne les maisons particulières (j’ai visité personnellement environ cinquante maisons ou boutiques), je puis affirmer, d’un mot, qu’il n’y en a pas une seule d’épargnée. On est entré, on a pillé dans toutes plus ou moins. Tous les coffres-forts privés ont été brisés ; partout les Bulgares recherchaient l’argent et fouillaient tout ce qu'ils rencontraient. Pas un tiroir, pas une boîte qui n’aient été ouverts ou forcés. On demeure confondu de ce qu’ils ont pu faire en si peu de temps, quand on pense qu’ils n’étaient que 10.000, à ce que croient du moins les habitants. Ce sont les boutiques qui ont le plus souffert. Tout ce qu’on ne pouvait pas emporter était déchiré, brisé, jeté. Tous ces débris gisent par terre ; on y enfonce jusqu’aux genoux. Partout où ils trouvaient une liqueur quelconque, les Bulgares la buvaient ou l’emportaient. Dans tout Kniajevats, on ne peut pas trouver à présent un seul petit verre de cognac. D’après le droit international, la propriété particulière doit être respectée pendant la guerre, surtout dans les villes qui ne sont pas défendues, ce qui est le cas de Kniajevats. Les Bulgares ont absolument méprisé ce principe et ont pillé partout la propriété privée. Ce qu’ils ne pouvaient pas boire ou manger, ils le détruisaient ; en certains endroits, ils ont versé du pétrole sur la 26