100 BULGARES, TURCS ET SERBES — étant donné les circonstances qui obligeaient les enquêteurs à la discrétion. Mais le lecteur ne doit pas ignorer que ce sont surtout ces renseignements, recueillis sur place, qui corroborent et. garantissent les dépositions dont la Commission a fait usage dans le présent récit. ÿ 2. — En Thrace. Pour se faire une idée personnelle de ce qui s’est passé en Thrace, pendant les deux guerres, un membre de la Commission est allé voir les villages situés à l’est d'Andrinople. Il a visité les villages de Ilavsa, d’Osmanly, de llas-keuï, de Souyoutli et d’Iskemler-keui. Le premier avait été visité par M. Pierre Loti, qui en a donné la description dans LIllustration. Malheureusement, en décrivant les atrocités bulgares dans ce village mixte, M. Loti n’a pas été informé qu’à deux pas, à Osmanlv, se trouvait un village bulgare où les Turcs avaient pris leur revanche. Ilavsa est composé de deux quartiers, le quartier musulman et le quartier chrétien. Les Chrétiens s'appellent ici « Grecs », mais ce sont des Bulgares patriarchistes. Leur quartier n’a pas été brûlé. Toute la population y est restée. Le quartier turc, au contraire, a été brûlé presque en entier. Lit population turque s’est enfuie du village à l’approche des Bulgares, c'est-à-dire au commencement de la première guerre. Ces Turcs se sont réfugiés à Constantinople et en Asie Mineure. Ils commencent maintenant à revenir : cinquante ou soixante familles sont arrivées de Brousse, des Dardanelles et d’Akcheïr. On pensera peut-être que, puisque tout le monde était parti, il ne restait plus personne pour souffrir des atrocités. Malheureusement, il y a eu des exceptions. lTn vieil habitant du village, Rachid, a raconté ce qui suit au membre de la Commission. Quatre familles turques n’avaient pas voulu prendre la fuite, lilies étaient restées. Les noms des chefs de ces familles étaient : Moustafa. Sadvk, Akhmed-Khodja, et un quatrième dont le nom nous échappe. Ces iamilles ont été mises à mort par les Bulgares, qui ont assommé de même Basile Papasoglou, Avdji, Christo, Lember-Oghlu, Anastase. Les femmes ont toutes été violées, mais il n'est pas vrai, comme le prétend M. Loti, qu’on les ait tuées. Une seule femme, Aïcha, a été massacrée et la femme de ce Sadyk, qu’on avait fait périr, est devenue folle. Il y a deux mosquées dans ce village. Une de ces mosquées a été transformée