LA GUERRE ET LE DROIT INTERNATIONAL « Bulgare, ni Grec, et qu'ils n’avait aucunement le droit de faire acte de vio-« lence là où flottait le drapeau rouge et le drapeau russe. Je réussis à les « convaincre et ils s’en allèrent. Les malades en furent quittes pour la peur. « A ce moment, j’entendis du bruit à l’étage supérieur où se trouvaient la « cuisine, notre réfectoire et ma chambre. J’allai voir ce qui se passait. Je « trouvai des soldats grecs en train de piller, sous prétexte de chercher des « armes. Chacun prenait ce qu’il pouvait : les verres, les essuie-mains, le « sucre, tout y passa. Dans ma chambre, je trouvai un désordre affreux. « Une dizaine de soldats étaient occupés à enlever les serrures de mes coffres « et de mes malles et à les fouiller. Les effets avaient été jetés au dehors et « traînaient partout. Chacun prenait ce qui lui plaisait : les cigarettes, le « tabac, le sucre, ma montre avec sa chaîne, le linge, mon carnet, les crayons, « ils ne faisaient fi de rien. J’eus grand peur, parce que dans ma valise se trou-« vait tout l’argent, — le mien et celui de l'hôpital. Par bonheur, les Grecs ne « le découvrirent pas. Un officier se présenta et, apercevant le drapeau national « russe et celui de la Croix-Rouge fixés au balcon, les fît arracher, malgré « nos protestations, et fit hisser le drapeau de la marine grecque. Jusqu’à la « nuit, les soldats grecs arrivèrent en groupe et il fallut, chaque fois, les « supplier de ne pas maltraiter les malades. Ce jour là, le 28 juin, fut le plus « dur pour l’hôpital de Serrés. A partir du 29 juin, on commença à nous « envoyer des Grecs atteints du choléra et, petit à petit, on nous regarda de meilleur œil. » La Commission a été informée d’une circonstance où les malades trouvés dans les hôpitaux par les Grecs furent traités plus cruellement encore. Le Dr Faïk était un médecin turc attaché à l'hôpital de la ville de Drama. Quand les Grecs prirent Drama, ils trouvèrent à l’hôpital cinq soldats bulgares malades. Ils demandèrent au docteur de les faire emprisonner. Le docteur refusa. Alors les autorités grecques firent enlever de l’hôpital les blessés qui furent conduits à un baraquement hors de la ville. Notre témoin, dont nous sommes obligés de taire le nom, affirme que ces malheureux furent massacrés. Quant à l’armée serbe, la Commission a eu l’occasion de constater, à Vidine, qu’elle ne s'abstint pas toujours de ces procédés. L'hôpital bulgare de cette ville semble avoir servi de point de mire à l'artillerie serbe pendant le siège. Nous en trouvons la preuve dans un procès-verbal signé par le directeur de l'hôpital, par le prêtre de Vidine, M. Nojarov, par le médecin départemental, le Dr Boyadjiev, et par deux autres membres du corps médical. La Commission s’est rendue sur les lieux mêmes et a pu vérifier les constations du procès-verbal que voici : Aujourd’hui, 17/30 juillet igi3, vers 4 heures de l’après-midi, l’artillerie serbe dirigea un feu violent contre les bâtiments de l’hôpital de Vidine. Plus de vingt obus