L’ETHNOGRAPHIE ET LES ASPIRATIONS NATIONALES 7 macédonienne, qui s’appelait déjà boulgari depuis un temps immémorial, commence à se sentir bulgare et slave en même temps. En dehors de l’Eglise nationale bulgare, qui restait donc la seule église slave en Macédoine, il n’y avait plus que des « patriarchistes » de toute espèce : grecs, valaques ou serbes, réunis sous la même autorité ecclésiastique grecque, celle de Constantinople. La seconde circonstance qui poussa la Serbie à accentuer ses prétentions sur la Macédoine, ce fut 1« occupation » de la Bosnie et de l’Herzégovine par l’Autriche-Hongrie. On sait maintenant que pendant l’entrevue de l’empereur Alexandre II et de l'empereur François-Joseph à Reichstadt, le 8 juillet 187ÎÎ, il avait été entendu qu’au cas où la Serbie et le Monténégro conquerraient leur indépendance, l'Autriche-Hongrie recevrait le droit d'« occuper et d’administrer » ces provinces. Les mêmes termes sont répétés dans le traité de Berlin. En même temps, l’Autriche-Hongrie tenait à souligner qu’elle considérait la Serbie comme comprise dans sa sphère d’influence. A Reichstadt, la Russie s’engage à ne pas faire la guerre sur le territoire de la Serbie, et quand le général Ignatiefî propose aux diplomates autrichiens d’annexer la Bosnie, à condition de reconnaître le traité de San-Stefano, le comte Andrassy répond par une contre-proposition, celle de laisser à la Russie toute liberté d’action en Bulgarie, à condition que l'on proclame l'autonomie de la Macédoine sous le protectorat de l’Autriche-Hongrie. Après le Congrès de Berlin, l'Autriche-Hongrie était entrée en relations plus étroites avec le roi Milan de Serbie. Celui-ci signe en 1881 le traité secret dans lequel (§ 7) l'Autriche-Hongrie déclare formellement qu'elle « ne fera pas d’opposition, qu elle soutiendra même la Serbie en face des autres puissances, au cas où cette dernière trouverait la possibilité de s’étendre du côté sud de sa frontière, exception faite du Sandjak de Novibazar ». En 1889, quand ce traité est renouvelé, l'Autriche-Hongrie promet, en termes plus clairs encore, d'« aider à l'extension de la Serbie dans la direction de la vallée du Vardar ». C’est ainsi qu'au moment même où l’Autriche-Hongrie enlevait à la Serbie tout espoir de s’étendre vers l’ouest en s’unissant à cette partie du peuple serbe qui habitait la Bosnie et l'Herzégovine, la diplomatie autrichienne lui offrait, comme compensation, l’espoir d’une extension vers le sud, dans des territoires où, jusqu'aux années 1860-1870, la population avait été universellement reconnue comme bulgare, même par les Serbes. Dès lors, l'école nationaliste serbe prend décidément le dessus. La Macédoine tout entière est identifiée à la « Vieille Serbie », et « la jeunesse serbe », dans sa carte, réclame pour la Serbie tout le territoire occupé au xiv” siècle, sous le règne. d’Etienne Douchan. C’est alors aussi que le réseau des écoles serbes s'étend avec une rapidité toute particulière, grâce à l’aide des Turcs quit là comme toujours, appliquent leur politique habituelle qui consiste à jouer