8 LES ORIGINES DES DEUX GUERRES BALKANIQUES des minorités serbe et grecque contre la majorité, plus forte et plus dangereuse, des bulgares-exarchistes. En 1889, des manuels scolaires serbes sont publiés pour la première fois à Constantinople avec l’autorisation du ministère et l’école serbe cesse bientôt d’être secrète et persécutée. En 1895-1896, la statistique officielle serbe compte 167 écoles comprenant 6.831 élèves et a38 instituteurs et institutrices. Il est à remarquer, cependant, que 80 de ces écoles, avec 3.g58 élèves et 120 instituteurs et institutrices, se trouvent dans la Vieille Serbie proprement dite, c’est-à-dire que plus de la moitié appartiennent à des pays indubitablement serbes. A la même époque, voici ce que donne la statistique des écoles bulgares-exarchistes en Macédoine (1896-97) : 843 écoles (contre 77 écoles serbes) ; 1.3o6instituteurs (contre 118 serbes); 31.719 élèves (contre 2.873 serbes); 14-7*3 enfants dans les Kindergarten. On voit par ces chiffres qu’à la fin du xixc siècle, l’écrasante majorité de la population slave de la Macédoine envoyait ses enfants à l’école bulgare exarchiste. L’école est devenue désormais une auxiliaire du mouvement national, indépendante de l'église. Le mouvement change alors de nature et de direction. A côté du mouvement ecclésiastique, mené parles prêtres et aidé par le Conseil religieux de la communauté, se dessine, aux environs de 1895, un mouvement révolutionnaire, dirigé contre le régime turc, ayant pour but l’autonomie politique et recrutant ses officiers parmi les maîtres d’école. De l’autre côté, la résistance des minorités soutenues par les Turcs se fait plus âpre. « Patriarchisme » et « exarchisme » deviennent définitivement les mots d’ordre des deux nations en lutte. Le dénombrement des maisons « exar-chistes » ou « patriarchistes » est dorénavant le seul moyen de déterminer la composition ethnographique de la Macédoine. Méthode incertaine et flottante, certes, puisque la lutte se complique en se poursuivant, et que quelquefois la même famille se divise en « bulgares », ou en « grecs », ou en « valachs », ou en « serbes », selon l’église que fréquente tel ou tel de ses membres. C'est alors que la nouvelle génération serbe tâche de recourir à un moyen plus sûr et plus scientifique pour déterminer la nationalité. Elle le trouve dans le langage. De jeunes savants se mettent à étudier les dialectes de la Macédoine et à y rechercher des traces phonétiques et morphologiques de l’influence serbe pour les classer parmi les dialectes serbes. Les linguistes bulgares poursuivent la même étude de leur côté, et persistent à trouver essentiellement bulgare le fond des dialectes macédoniens. En résumé, les prétentions rivales sur la Macédoine s’autorisent de ces arguments principaux : 10 « Droits historiques » à la possession de la Macédoine, acquis par Siméon le Bulgare ou par Douchan le Serbe (xe ou xiv° siècle) ; 20 Ressemblance des coutumes (surtout en ce qui concerne la fête du jour de