CHAPITRE VII LES CONSÉQUENCES MORALES ET SOCIALES DE LA GUERRE. CONJECTURES SUR L'AVENIR DE LA MACÉDOINE Dans la première guerre, on a pu constater beaucoup de cette joyeuse ardeur que suscite l’appel aux armes, de celte intrépidité et de cet héroïsme que les poètes ont chantés de tout temps et que le monde a toujours admirés. Des siècles d’oppression et de souffrance infligées par les Turcs, le peu d’espoir que la Macédoine pouvait avoir d’un bon gouvernement, à cause des factions hostiles qui étaient au pouvoir en Turquie, et la possibilité d’une alliance entre la Grèce, la Serbie et la Bulgarie, en vue de ce qui semblait être une cause juste et sacrée, tout cela paraissait justilier pleinement l'action d’ensemble contre les Turcs. Les paysans qui abandonnaient volontiers leur maison et leur famille, tandis que le Gouvernement réquisitionnait leurs bêtes et leurs voitures pour ses transports, ces paysans allaient de l’avant dans une exaltation de patriotisme, où entrait sans doute la pensée de délivrer leurs frères de Macédoine. Quoique les instincts et les mobiles qui les inspiraient fussent primitifs, ils n’en étaient pas moins profonds et sincères et ils appartenaient à cette classe de sentiments supérieurs qu’aux yeux de beaucoup de gens la guerre est censée susciter. Du commencement à la fin, dans les deux guerres, la lutte fut aussi acharnée que si elle s'était proposé pour fin l’extermination totale. Quelque brillants qu'aient été les comptes rendus publics, la guerre contre les Turcs et la guerre entre les Alliés constituent un effroyable chapitre d’horreurs. Et parmi les troupes régulières, comme parmi les bandes qui accompagnaient les armées, beaucoup d’hommes se rencontrèrent, dont le caractère était bas, criminel ou même bestial, qui n’avaient aucun sentiment humain, aucun souci de civilisation, et étaient prêts k toute heure aux pires atrocités. L’histoire de la première guerre, quelque noble qu’en ait pu être le but, est souillée par une série d’incendies, de meurtres et de viols que rien ne peut excuser. Il est k