LE CONFLIT ENTRE LES ALLIÉS 53 le 22, elle reprit Andrinople, évacué en toute hâte par les Bulgares. Le i4 juillet, les Serbes prirent Kriva Palanka. Le ii juillet, la Bulgarie lança son premier appel de secours à l'Europe. Le i3 juillet, Ferdinand s’adressa au tsar pour lui demander sa médiation. Sans attendre les résultats de cette dernière proposition, M. Danev, désespéré, démissionna le 15 juillet. Pendant les cinq jours que dura la crise, la marche des armées ennemies se poursuivit sans arrêt et les Roumains s’avancèrent vers Sofia. Un télégramme du roi Ferdinand à François-Joseph demanda la médiation pour la Roumanie ; sur le conseil de celui-ci, Ferdinand envoya un télégramme direct au roi Carol, qui dicta, comme condition de paix, la cession du triangle Danube-Tourtoukaï-Baltchik. Cette proposition acceptée, le 21 juillet, les Bulgares eurent encore à se débattre contre les Grecs, qui étaient arrivés aux frontières du royaume, à Djoumaya du 25 au 3ojuillet, tandis que les Serbes assiégeaient Vidine. Enfin, des pourparlers s’ouvrirent à Bucharest, le 3o juillet, et l’armistice fut signé pour cinq jours, le 3i juillet, à midi. Le 4 août, il fut prolongé de quatre jours. La paix de Bucharest fut signée le 10 août, et la paix avec la Turquie conclue le 29 septembre 1913. Le lecteur pourra comparer les limites convenues par ces derniers traités (voir la carte à la fin du volume) avec les rayons d’occupation établis trois mois avant la guerre. Il y verra les grandes pertes subies par la Bulgarie. Ceux qui ont gagné prétendent qu’en revanche l’ « équilibre balkanique» a été sauvé, les prétentions pour l’hégémonie écartées, et la paix assurée ainsi pour l’avenir. Malheureusement, quand on y regarde de plus près, on arrive plutôt à la conclusion que le traité de Bucharest a créé un état de choses qui est loin d’être durable. Si la « conquête » bulgare y est presque annulée, les « conquêtes » serbes et grecques ne sont pas bien établies. On en trouvera des preuves abondantes dans un chapitre ultérieur (la Guerre et les Nationalités), auquel nous renvoyons le lecteur pour toute conclusion.