% BULGARES, TURCS ET SERBES après les explications du général Vasov et de M",c la baronne Uxkiil, imputée aux Bulgares. Mais les dépositions des soldats turcs relatives à l'assassinat de prisonniers malades et faibles sur la route de Mustafa-pacha sont plus que vraisemblables. Nous reviendrons sur la question du sort fait aux prisonniers dans le chapitre où nous traiterons du droit international. En ce qui concerne le pillage d’Andrinople, la version grecque reproduite par M. Machkov est malveillante et bien faite pour égarer l’opinion publique. A l'exception de M. Machkov et de M. Pierre Loti — qui a répété sans la contrôler la thèse turque du moment — les auteurs sont presque unanimes à reconnaître que l’œuvre de pillage des jours qui ont suivi la prise de la ville est due aux Grecs eux-mêmes — comme aussi aux Juifs et aux Arméniens, mais surtout aux Grecs — qui se sont jetés sur la propriété turque, restée sans défense. Les quelques lignes citées plus haut du journal de siège de P. C. nous laissent pressentir déjà l’explication vraie. Les nombreux témoignages réunis par la mission en corroborent l’exactitude et la mettent hors de doute. On pillait déjà à Andrinople avant l’entrée des troupes bulgares et l’on y a continué le pillage durant la prise de possession, aussi longtemps que l’instal" lation de l'armée dans la ville n’a pas été achevée. Les scènes que les témoins oculaires racontent à ce sujet sont innombrables. On en trouvera plusieurs dans les Annexes du présent volume (n° 66 par exemple) et l’on pourrait en ajouter d’autres à l’infini. Pendant l’entrée même des soldats bulgares, la foule indigène occupe la rue. Elle pille tous les établissements publics turcs, en commençant par le club militaire, et elle s’attaque aux maisons privées, en commençant par les demeures vides des officiers turcs. On envoie, en toute hâte, des patrouilles qui s'égarent dans ce labyrinthe de ruelles et on demande à la population de les appeler à l’aide du sifflet. Mais la masse turque a peur des représailles grecques. Par ci, par là, les patrouilles arrêtent et punissent quelques coupables aux cris de « Aferim! » (Bravo !) poussés par la population turque. Mais ces mêmes Turcs disaient à M. Mitov, qui retraçait ces scènes devant nous : « Vous ne pouvez pas être partout en même temps ». Et le pillage continuait... Ici, c’est un personnage officiel (dont il nous est interdit de divulguer le nom), qui fait le tour des rues, au cours de la seconde journée de prise. Le secrétaire du vali, Djouma-bey, lui montre partout une foule d’hommes et de femmes occupés à transporter les objets volés. Il rentre à l’Hôtel de Ville, demande des patrouilles et sort avec le major Mitov. C’est toujours le même spectacle: des femmes qui filent et se sauvent, leur butin sous le bras. 11 les menace de son bâton, cependant que M. Mitov montre son revolver. Les femmes s’enfuient en jetant leurs ballots, puis, à mesure que les autorités s'éloignent, ils voient