XV! INTRODUCTION « L’impartiale juxtaposition de ces divers exposés dans un même document international contribuera déjà puissamment à servir la vérité et à nous garder de toute injustice aux yeux du public. « Nos conclusions viendront ensuite, et ces conclusions 11e pourront être, en dernière analyse, qu’un effort de plus pour atténuer des désordres dont tout le monde souffre et pour ramener la confiance où régnent actuellement le découragement et l’inquiétude. » DÉPART, ENQUÊTE, RETOUR DE LA MISSION La mission, partie de Paris le 20 août, s’arrêta d’abord à Vienne où l'attendaient MM. le professeur Paszowski, de Berlin, et le professeur Hodlich, puis elle continua son voyage jusqu’à Belgrade. Là, commencèrent des difficultés qu’il 11e faut pas exagérer. Le Gouvernement serbe pouvait prendre deux partis extrêmes. Le premier, qu’il n’a pas adopté, consistait à fournir lui-même à la mission, comme nous le demandions, sa version des événements en même temps qu’un exposé des ressources économiques de son pays ; il savait que ses observations seraient impartialement et intégralement publiées par nous dans notre rapport. Il avait là une excellente occasion, à la fois de confondre ses ennemis, de renseigner ses amis, et, qui plus est, de faire conaitre à ceux qui l’ignorent dans le monde, la Serbie. Je n’ai pas bien compris, je l’avoue, sa réserve un peu maussade et que nous qualifierons de diplomatique, pour ne désobliger personne. Je sais bien les reproches qu’on adressait à ¡VI. Milioukov, mais M. Miliou-kov n’était pas toute la Commission ; 011 avait le droit de récuser son témoignage ; celui des autres membres de la Commission devenait d’autant plus précieux ; il constituait un recours. Pour tout dire équitablement, la mission tombait assez mal à Belgrade et je me demande en conscience si, dans des circonstances analogues, les Gouvernements de nos grands pays n’auraient pas été plus sommaires et intolérants que le Gouvernement serbe ! Qu’on en juge. La mission arrivait à Belgrade juste au’ moment du retour triomphal de l’armée : triomphe à la fois triste et glorieux où le défilé des vainqueurs éveillait dans la foule silencieuse autant et plus de douleur peut-être que de fierté. Il faut tenir compte à la Serbie de toute cette fleur de jeunesse qu elle a perdue dans ces deux guerres, avec un courage inouï ; tant de sang versé, non plus seulement pour la conquête de l’indépendance, mais dans une lutte de frère à frère où la victoire même est un deuil. Il faut tenir compte aussi, là comme ailleurs, des excitations dos journaux chauvins forcenés. Le second parti consistait à arrêter tout simplement notre mission au passage. Les prétexte ne manquaient pas, ni les moyens : transports réqui-