LA LUTTE POUR L'AUTONOMIE 15 grossiers ; on se livre à des représailles sur les Grecs, dont une centaine, do toutes provenances, sont massacrés chaque mois au cours de l’année 1904. La première période de la lutte est close (1897-1904). Mais alors, voici que l’Europe entière se met à s’intéresser aux affaires de Macédoine. La seconde période s’ouvre ; elle est marquée par des tentatives pour organiser le contrôle européen sur le régime turc (1905-1907). L’autonomie de la Macédoine devient le but lointain des efforts diplomatiques. On s’en rapproche peu à peu, en sériant les questions et en essayant d’abord de réformer l’administration, la police, les finances et la justice turques en Macédoine. Nous n'avons pas à nous arrêter en détail sur cette partie de l’histoire balkanique, qui n'est que trop connue. On sait que, d’une manière générale, elle n’a été que la répétition, en plus grand, de ce qui s’était vu depuis plus d’un demi-siècle : des concessions d’abord inefficaces, puis, dès qu elles commencent à devenir gênantes, une réforme générale sur le papier, qui englobe et enterre tous les détails pratiques, enfin, le moment de tension passé et l’attention européenne détournée, le retour à l'ancien régime,... avec cette différence que, cette fois-ci, les concessions consenties avaient été plus importantes. On avait pu craindre de perdre toute une province. En conséquence, la réaction fut plus forte. Il ne s'agissait plus de la constitution hamidienne de 1876, mais d'une constitution nouvelle, imposée au souverain par la révolution jeune-turque. Les Téformes étaient assurées au nom du peuple : les grandes puissances n’avaien plus rien à faire en Macédoine. Elles en sortirent, aux cris de joie de la foule, tandis que s’embrassaient les chefs des diverses nationalités, hier encore hostiles et irréconciliables. Le dernier essai de reconstruction de l’Etat ottoman allait commencer; c’est la troisième et dernière [période de l’histoire que nous poursuivons (1908-1912). Le début [en fut de très bon augure. Proclamée aux sons de la Marseillaise, la révolution jeune-turque promettait de résoudre toutes les difficultés et d’apaiser toutes les haines, en substituant la justice à l’arbitraire, la liberté au despotisme; avant tout et surtout, elle proclamait légalité entière entre les diverses nationalités habitant la Turquie, confiante en leur patriotisme ottoman, en leur attachement à la patrie (vatanj une et indivisible. Les partisans de l’autonomie de la Macédoine se reprennent donc à espérer qu’ils pourront réaliser leur vœu sans alarmer les susceptibilités de la race dominante. Les révolutionnaires et les « comitadjis » d’hier désarment et redescendent de leurs montagnes dans les grandes villes : il n’y a plus besoin d’armes, ni de relations secrètes avec les Gouvernements balkaniques voisins. Les Bulgares macédoniens, surtout, rêvent de pouvoir devenir de bons patriotes ottomans, tout en restant fidèles à leurs ambitions nationales. Ce rêve ne dure qu’un instant. La révolution jeune-turque se montre,