CHAPITRE II GRECS ET BULGARES § i. La situation des Macédoniens durant la première guerre. — § 2. La conduite des Bulgares durant la seconde guerre : les massacres de Doxato, les massacres et l'incendie de Serrés, les événements de Demir-Hissar. —§ 3. Les paysans bulgares et l’armée grecque : le dernier exode. § 1. — La situation des Macédoniens durant la première guerre. La première guerre des Balkans fut regardée par l’opinion européenne comme une guerre d'affranchissement. Cette guerre signifiant la chute des Turcs en Europe, il était naturel de penser, tandis que les victoires succédaient aux victoires, qu’elle signifiait aussi la fin de cette oppression des races qui, durant cinq siècles, avait fait de l’histoire des Balkans un « record » de révoltes, de répressions et de massacres. Toutefois, si l’on regarde de près ce qui passa en Macédoine, pendant que les armées marchaient vers le sud, cette guerre d’affranchissement prend un aspect où l’héroïsme n’est pas tout. Elle donna libre cours aux haines accumulées, aux désirs de revanche transmis depuis des siècles. Elle fit, pour plusieurs mois, des chrétiens opprimés les maîtres et les juges de leurs ex-seigneurs musulmans. Elle apporta une occasion de vengeance à tout paysan qui entretenait en lui-même un vieux grief contre quelque dur propriétaire ou quelque voisin brutal. Chaque village bulgare de la Macédoine du nord avait son arriéré de souffrances et de dommages. Pendant toute une génération, la résistance s’était organisée et ces villages avaient vécu dans une révolte intermittente. Les représailles turques, inévitables, étaient tombées tantôt ici, tantôt là. On avait fouillé les maisons pour saisir les armes, on avait battu, torturé, emprisonné, parfois massacré : c’était là le prix dont les paysans avaient payé leur lutte incessante pour l'autonomie dans toutes ces répressions particulières. Les Musulmans de l’endroit avaient joué leur rôle,