LE CONFLIT ENTRE LES ALLIÉS 35 crime de trahison. On n’osa pas, au début, s’attaquer ouvertement aux évêques. Quand l’évêque de Vélès, Néophyte, refusa de séparer le nom du roi Pierre, dans ses prières, des noms des autres monarques alliés, et se servit pour le culte de couleurs qu’on soupçonna être les couleurs nationales bulgares, M. Pachits conseilla (4/* 7 janvier) aux pouvoirs militaires d'Uskub de le traiter comme un égal de l’évêque serbe et d’être corrects avec lui. Mais l’ordre ministériel n’empêcha pas l’administrateur local de Vélès de défendre à Néophyte, quelques semaines après (24 janvier/6 février et 4/17 février), de tenir des séances et des assemblées dans son évêché, de voir les prêtres ailleurs que dans l’église et de communiquer avec les villages. L’évêque naj'ant pas voulu comprendre les conseils voilés qu’on lui donnait de partir pour la Bulgarie, on finit par envoyer chez lui un officier avec des soldats qui prirent son logement pour l’armée, après avoir battu son secrétaire. De la même façon, l’évêque de Débra, Cosmas, fut obligé d’abandonner sa métropole et de quitter sa ville. Ce fut pis encore à Uskub, où le gérant de l’évêché, l'archimandrite Metho-dius, après avoir été chassé de son logement, fut pris par force, enfermé dans une chambre et battu jusqu’à ce qu’il eût perdu connaissance (8/21 avril). Jeté dans la rue, Methodius se sauva dans une maison voisine, habitée par un Français, qui fit part de l’afTaire à M. Carlier, consul français à Uskub. Sous sa protection, Methodius partit le i3/a6 avril pour Salonique, et, de là, fut envoyé à Sofia. La Commission se trouve en possession d’un procès-verbal signé par les docteurs étrangers de Salonique, qui ont vu et examiné Methodius le 15/28 avril et qui ont trouvé son récit « tout à fait vraisemblable 1 ». Après s’être débarrassé des chefs révolutionnaires, intellectuels et religieux, on s'adressa directement à la population des villages, en lui persuadant de changer de nationalité et de se proclamer serbe ou grecque. Les rapports ecclésiastiques bulgares, écrits de tous les coins de la Macédoine, sont unanimes à ce sujet. « Vous savez, disait l’évêque Néophyte de Vélès à son persécuteur, « en votre qualité de sous-préfet, ce que les prêtres et les maîtres d’école « serbes font dans les villages? Accompagnés par les soldats, ils visitent les « villages bulgares et forcent la population à s’inscrire comme serbe, à « chasser leur prêtre bulgare et à demander qu’on leur donne un prêtre serbe. « Ceux qui ont refusé de se proclamer Serbes ont été battus et torturés. » Nous possédons la formule serbe par laquelle on renonçait à la nationalité bulgare. Voici cette formule, que les prêtres des villages et leurs ouailles étaient tenus d’adresser au métropolitain serbe d'Uskub, M. Vincentius : « Moi et les « ouailles qui me sont confiées par Dieu, avons été Serbes autrefois, mais la « terreur que nous inspiraient les comitadjis bulgares, représentants de l’or- 1 Voir l’Appendice.