XX INTRODUCTION qui remet tout en question, fait de ia guerre sainte une boucherie, métamorphose les héros en brutes, déchaîne en un mot, à lui seul, malgré l’Europe, l’abominable deuxième guerre et ses lendemains inconnus. Ce chapitre m’est apparu comme le miroir fidèle d’une complexité parfois décourageante pour l’historien et plus encore pour le diplomate, mais édifiante pour quiconque essaie de protéger son pays contre les aventuriers. On y voit clairement cette distinction fondamentale que nous ne cessons de faire entre la guerre de libération et la guerre de conquête, entre le patriotisme et le crime. Le chapitre II est à la fois pénible et d’un intérêt passionnant ; c’est ici qu’on nous reprochera d’être impartial ; c’est ici qu’il aurait fallu dire à chacun des belligérants, à l’instar de leur presse : « Tous les torts sont de l’autre côté ; à vous toute la gloire, aux autres seuls toute la honte ! » On y verra ce qu’il faut penser de ces classifications officielles qui prétendent, dans cette effroyable mêlée, où « Dieu même ne reconnaîtrait pas les siens », ranger sous un même drapeau tous les bons, et sous un autre tous les mauvais. On y verra comment la guerre allumée par l’intrigue, commence par la générosité de la jeunesse pour s’achever, sans distinction de races, par le déchaînement de la bête humaine. Inutile d’insister sur ces massacres que nous ne pouvions passer sous silence : je ne sais si la guerre en dentelles a vraiment jamais existé, mais il est temps que l’opinion sache ce que vaut la guerre telle qu’elle est. Tous les poètes lauréats, les glorificateurs éphémères de ces infamies dont on nous demande non seulement d’absoudre les auteurs, mais de les donner en exemple à nos enfants, toute la foule des écrivains officieux sont là pour faire contre-poids à notre rapport et louer ce que nous voulons, nous, blâmer dans l’intérêt des nations qu’il faut éclairer sur elles-mêmes. Le chapitre III n’est pas moins lamentable ni moins poignant, ni moins nécessaire, précisément parce qu’il sera plus désagréable à qui ne veut pas que la vérité soit connue. Ici, les Grecs et les Bulgares ne sont plus seuls en scène ; les Turcs et les Serbes montrent ce qu’ils ont pu faire, eux aussi. Là encore les Bulgares ne sont pas plus épargnés que les autres, mais les autres ont aussi leur part. Ils protesteront, ils réfléchiront ; et ces réflexions leur serviront plus que des éloges mensongers. Le chapitre IV nous présente encore le miroir d’une situation inextricable mais qu’il faut connaître pourtant. Sous ce titre : la Guerre et les Nationalités, il nous découvre cet excès d’horreurs que nous avons peine à nous figurer dans nos pays organisés ; la guerre faite, non pas par les armées seules, mais par des bandes mobilisées, et, en réalité, par les nations entremêlées : les populations locales étant divisées « en autant de fragments qu'elles comprennent de nationalités qui se combattent et qui veulent se substituer les unes aux autres... C’est pourquoi tant de sang a été versé dans ces guerres ; les pires atrocités n’ont pas été dues aux excès des