LA MACÉDOINE GRECQUE 189 gouvernement, tous les fonctionnaires et les maîtres d’école ont été internés chez eux, « jusqu’au second ordre ». Ace moment-là, les journaux grecs parlaient déjà de la guerre imminente. Le journal Embros, dans une correspondance de Salonique, écrivait, le 11/24 juin : « La grande lutte pour l’exis-« tence de l'hellénisme commencera dans quelques jours. » Le i4/27 juin, le Proodos disait : « Nous sommes à la veille de la guerre... Le roi, en partant « pour Salonique, a pris tous ses uniformes de campagne... La proclamation de guerre... est déjà prête. » La guerre commença, en effet, le 17/30 juin et les citoyens grecs de Castoria chantèrent alors devant la métropolie les vers qui les invitaient à « s’abreuver du sang bulgare ». Le 3i juillet, après la conclusion du traité de Bucharest, le phrourarque de Castoria faisait venir chez lui le chef du diocèse, les fonctionnaires de la métropolie, les instituteurs, et leur déclarait : « Par ordre du Gouvernement, je vous donne un « délai de quarante-huit heures pour quitter le territoire grec. » Les expatriés, tous indigènes de Macédoine, reçurent des certificats attestant qu’ils « s'en retournaient en Bulgarie, où ils étaient nés ». « Celui qui est Bulgare », répondait-on à leurs protestations, « qu’il s’en aille vivre en Bulgarie. Plus de Bulgares dans la Macédoine grecque ! » Nous possédons également des données suffisamment complètes sur ce qui se passa à Vodéna (qui s’appelle aujourd’hui « Edessa »). Notre informateur de Vodéna, comme aussi celui de Castoria, se rappelle encore l’entrée triomphale de l’armée hellène, saluée, le i8/3i octobre, par les cris de joie de la population. Chaque maison hébergeait de 10 à 20 soldats, volontairement et sans demander d'argent, et la ville distribuait gratuitement 6.000 okas de pain par jour. On n’avait pas encore eu d’exemple de ces réquisitions forcées, sans récépissés, grâce auxquelles on pouvait tout exiger sans en faire même un mérite à celui qui était obligé d’obéir. Dix jours après, les Grecs disaient déjà : « Nous vous couperons la langue, pour que vous appreniez à parler grec. » Et ils commençaient à confisquer les propriétés privées et à envoyer en Grèce les choses qui leur plaisaient : mobilier et bétail. Les églises et les écoles étaient aussitôt occupées, les inscriptions slaves détruites, les livres du culte brûlés, les prêtres battus et chassés. Ensuite, on 6e mit à arrêter les personnes influentes dans les différents villages, tels que Vestchitsa, Tsarmarinovo, Piskopia, Arsène, Saint-Elias, Vertécop. Les gendarmes disaient aux notables emprisonnés de Vestchitsa : « Si vous voulez qu’on vous mette en liberté, faites-vous Grecs! » La guerre une fois déclarée, les 20-21 juin/3-4 juillet, on arrête jusqu'à 200 Bulgares, le vicaire, les prêtres, les notables, les maîtres d’école, les habitants de la ville et des villages. On les frappe, on les envoie à Salonique, attachés quatre par quatre. Le 3o juin, on confisque la dernière église bulgare ; on