24 LES ORIGINES DES DEUX GUERRES BALKANIQUES bitantes et, après de vaines disputes qui durèrent trois jours, on finit par renoncer à l’idée d’une alliance offensive. On aboutit cependant à une alliance défensive, le 12/25 avril 1904. Mais ce traité, dont le texte est trop général et trop vague, n'a pas eu de résultats pratiques, d’autant plus que, par suite de l’indiscrétion d’un fonctionnaire serbe qui était en même temps le correspondant de la la Neue Freie Presse, le traité fut immédiatement divulgué, ce qui répandit la méfiance chez les alliés. Les Serbes, d'ailleurs, ont considéré ce traité comme annulé après la déclaration d’indépendance de la Bulgarie, proclamée, en 1908, sans que la Serbie eût été consultée, bien que l’événement portât gravement atteinte à sa politique nationale qui passait par une crise en raison de l’annexion de la Bosnie et Herzégovine par l’Autriche-Hongrie. Les Serbes ont accusé la Bulgarie d’avoir profité de leurs pertes pour améliorer sa situation internationale, au lieu de leur venir en aide. L’ancienne méfiance allait ainsi renaître, quand la diplomatie russe reprit l’idée de l’alliance. Prenant au sérieux les promesses de la régénération jeune-turque, les diplomates russes proposèrent l’alliance balkanique universelle, avec la Turquie affranchie et constitutionnelle comme membre. Ils voulaient une alliance, dont le front serait tourné du côté du Danube, plutôt que du côté du Bosphore. La diplomatie balkanique considérait bien que 1’ « homme malade » était incurable, mais elle voulut profiter de cette dernière chance. Il est vrai que, cette fois encore, on se heurta aux mêmes difficultés de partage. En 1909, M. Milo-vanovits proposait en vain la cession d’Uskub et de Koumanovo à la Serbie. En 1910, on parlementait, à Saint-Pétersbourg, avec M. Milovanovits et M. Malinov, sans pouvoir arriver à un résultat : la Bulgarie n’était pas du tout disposée à sanctionner les tendances serbes, favorisées par la diplomatie russe, même sous la forme atténuée d’une extension possible au sud de la Vieille Serbie proprement dite. Pourtant, en 1910, comme nous le savons, il est devenu évident pour tout le monde que la tactique jeune-turque de 1’ « ottomanisation » des nationalités par leur assimilation va amener une catastrophe. L’oppression grandissante de la Turquie sur les Bulgares et les Grecs finit par rapprocher ces deux ennemis. M. Vénizelos, chef du cabinet d’Athènes depuis octobre 1910, proposa, en octobre même, à Sofia, une entente. Une fois de plus, on ne put se mettre d’accord sur la délimitation des sphères d'influence. Les Bulgares ne voulurent pas céder aux Grecs Kavala, Séryès, Vodéna, Kastoria, Florina, comme le demandait l’ancienne « formule » Delyannis. Mais la nécessité de s’entendre, vu l’état des choses en Macédoine, était pressante. Il ne restait donc qu’à resserrer l’accord. Les chefs des églises chrétiennes de Constantinople furent obligés, sans qu’une entente quelconque intervînt, de faire au Gouvernement ottoman des représentations analogues. On commença à dis-