LA CONDUITE DES BULGARES PENDANT LA SECONDE GUERRE 291 de 4, et on nous conduisit au palais de l’évêque. J'avais 100 piastres de monnaie; un des autres avait 2 livres turques et un autre i4* On nous amena devant un prêtre, qui était seul, dans une pièce. Je pense que c’était un évêque. Les evzones nous prirent notre argent, le posèrent sur la table, devant le prêtre, qui le mit dans un tiroir. Nous demandâmes de l’eau. On nous en donna, mais les evzones nous frappèrent au visage, sous les yeux de l’évêque. 11 nous posa des questions, puis on nous conduisit à l’école. Les evzones nous frappaient et nous raillaient en criant : « Hurrah! » (c’est le cri de guerre bulgare). On conduisit les gendarmes dans une pièce à part. Dans la nôtre, il y avait 10 cadavres, que des porteurs turcs vinrent ensuite enlever. Un des gendarmes mourut sous les coups ce même jour. On nous avait mis complètement nus. Le jour suivant, le vendredi 11, on amena 44 nouveaux prisonniers bulgares1. Vers le milieu du jour, nous entendîmes le canon, peut-être vingt coups. Puis nous pûmes voir, des fenêtres, que la ville était en flammes. Il soldats, portant l’uniforme grec, pénétrèrent dans notre chambre ; un d'entre eux avait une culotte valaque (?). Ils conduisirent \ des prisonniers dans une antre salle. Nous entendîmes des cris. Les 3 mêmes soldats revinrent ensuite, leurs mains et leurs baïonnettes couvertes de sang. Nous essayâmes, mais eu vain, de nous sauver en brisant les vitres. On m’emmena, presque le dernier, dans une pièce remplie de morts. Le Valaque me donna deux coups sur la tête, deux sur le cou, et je tombai *. Un autre homme tomlxi par-dessus moi et je perdis connaissance. En revenant à moi, j’entendis la fusillade. 4 autres se levèrent avec moi. Je ne connaissais parmi eux que Dimov de Carlukavo. Nous trouvâmes de l’eau où les bouchers s’étaient lavé les mains. Nous entendîmes le « hurrah! » bulgare. Nous sortîmes; nous trouvâmes un soldat bulgare qui alla me chercher une mule. La ville était en feu. » N° 2/. Témoignage de lilagnï Pelrov fde Serrés), maçon,âgé de dix-huit ans. — « Le 10 juillet, 4 citoyens de Serrés, que je connaissais, habillés d’un uniforme grec, vinrent mechercher pour me conduire dans la prison de l’école. Il y en avait là environ 100 autres. On nous frappa à coups de crosse de fusil; la plupart d’entre nous avaient les mains attachées à quelque chose, à un pilier, par exemple. Un civil grec, armé, entra et dit : « Une faut pas tuer ces jeunes-là, mais il faut les frapper. » Us me forcèrent à rester pour voir tuer mon père ; ils me promirent même ma liberté, si je consentais à tuer mon père de mes propres 1 Le témoin, comme tous les paysans des Balkans, date les événements par rapport à la dernière fête religieuse. * Nous avons vu les blessures; le crâne était ealailié profondément.