LA MACÉDOINE SERBE résister, il n’y avait que ces « officiers publics » ou communaux, investis de pouvoirs extraordinaires. Ces pouvoii's, comment pouvaient-ils s’en passer, puisque la population, non contente de leur opposer une résistance passive, devenait « agressive »? Appelée sous les drapeaux, cette population refusait de se <( rendre à l’appel ». Invitée à « travailler » à la « construction des routes » ou à des travaux communaux quelconques, elle se mettait en grève, elle préférait travailler « ailleurs ou autrement ». En somme, chacun « refusait de se constituer prisonnier », se tenant toujours prêt à « attaquer les officiers publics », à leur résister, « sinon par la force, du moins en paroles. » Ce dernier crime, les ordonnances le punissaient de « dix ans de travaux forcés ou de six mois au moins, si insignifiants que fussent les paroles ou les gestes ». On espérait, (on le disait ouvertement aux membres de la Commission dès la première moitié du mois d’août) grâce à ces mesures, venir à bout de la résistance de la population allogène de Macédoine en cinq ou six ans ! Le parti militaire savait ce qu’il faisait en insistant sur la publication de cet édit draconien. Ce n’était que la sanction quasi légale de l’activité réelle des pouvoirs d’occupation en Macédoine. Mais l’aveu formel, sur le papier (dans un document divulgué, immédiatement après, dans la presse étrangère) effraya d’autres personnalités que les membres des partis de l’opposition en Serbie. Aussi, après trois semaines de réflexion, le 15/28 octobre, le Gouvernement serbe publia-t-il quelques changements aux ordonnances du 21 septembre. L’obligation où on avait mis les troupes de venir en aide au pouvoir civil devenait moins générale. Il n’en était plus ainsi que dans les cas de « troubles graves et sérieux ». Mais le droit dont disposait le ministre de l’intérieur de ne pas rançonner la population « si l’ordre se rétablissait vite » (voir l’article 6) était restreint par le contrôle du Conseil des ministres. Le scandaleux article 26, qui reconnaissait aux préfets le pouvoir législatif, était amendé par Faddition de cette clause : « A condition que les ordonnances des préfets soient d’accord avec les ordonnances existantes et les lois ». La rigueur de la sanction prévue par l’article 26 (prison jusqu’à trois ans et amende jusqu’à 1.000 francs) fut abaissée à un mois et 3oo francs. Ces amendements ne faisaient que confirmer le reste de l'édit et, évidemment, ils étaient insuffisants. La presse de l’opposition poursuivait ses attaques contre le Gouvernement en demandant l égalité pour la population des pays annexés et l’extension, à ces pays, de la constitution du royaume : « Si les « députés des pays annexés siégeaient à la Skoupchtina », disait la Pravda, le 13/26 novembre, « la presse étrangère, mal disposée à l’égard de la Ser-« bie, verrait se perdre le crédit où ses inventions malicieuses sur les atro-« cités serbes ont été tenues en Europe... » « On ne peut pas se concilier une « nation », ajoutait-elle quelques jours après, « en lui réservant, de par la loi,