L'ALLIANCE ET LES TRAITÉS 23 avec le roi Milan le traité qui avait amené la guerre fratricide serbo-bulgare (de 1889 à 1895). Quelques années plus tard, elle allait signer avec la Roumanie une convention secrète. En cas de guerre entreprise en commun contre la Bulgarie* la Roumanie devait recevoir une partie du territoire bulgare. C’est ce même territoire, promis par l’Autriche, qui vient d’être donné à la Roumanie sans qu’il y ait eu de guerre. M. Delyannis renouvela, en 1897, pendant la guerre gréco-turque, les propositions de Tricoupis. Mais sa formule de partage, qu’on a répétée si souvent depuis, et à laquelle, même aujourd’hui, les Grecs n’ont pas entièrement renoncé, n’était pas du goût des Bulgares. Ils préférèrent négocier avec la Porte des concessions nouvelles pour leur Eglise et leurs écoles en Macédoine, plutôt que de se risquer à prendre part à une guerre mal préparée et mal conduite. Bientôt après (1901), l’Autriche-IIongrie ménagea un rapprochement gréco-roumain, qui finit, le traité austro-serbe et la convention austro-roumaine aidant, par « encercler » la Bulgarie et menaça de paralyser son action en Macédoine. On paraissait être aussi loin que possible de l’alliance balkanique. Pourtant, la trame, si laborieusement ourdie, allait être vite rompue. La révolution macédonienne de 1903 a internationalisé la question. La propagande valaque et les « conversions » grecques, en Macédoine, ont amené la rupture diplomatique entre la Grèce et la Roumanie (1905). Le régicide d’Alexandre Obrénovitz et le retour de la dynastie Karageorgevitz à Belgrade, en igo3, ont émancipé la Serbie de l’inlluence autrichienne. L’orientation naturelle, dès lors, était le rapprochement avec la Russie et la renaissance de l’idée d’alliance yougo-slave. La jeune génération de Serbie et de Bulgarie alla même plus plus loin et se reprit d’enthousiasme pour l’idée d’une fédération. Les écrivains, les artistes, les étudiants de Belgrade et de Sofia échangèrent des visites. Les diplomates les suivirent. En 1904, on discutait déjà, à Belgrade, un projet d’alliance défensive et offensive, pour arriver à l’autonomie de la Vieille Serbie et de la Macédoine, autant que possible par des moyens pacifiques, mais aussi, en cas extrême, par la force armée. On verra réapparaître en 1911 les noms des personnes qui ont pris part à ces pourparlers. Ce sont : M. Pachits, chez qui avaient lieu de secrets conciliabules ; M. Milovane Milovanovits, le défunt ministre des Affaires étrangères; M. Dimitri Risov, révolutionnaire macédonien, devenu diplomate sans rien perdre de son ardeur et de dévouement à la cause; M. Kessaptchiev, alors envoyé spécialement pour discuter l’alliance. Mais les difficultés se présentèrent quand on en vint à parler des futures frontières. Les Serbes, après une adhésion de principe, proposèrent, le lendemain, une définition géographique du terme de « Vieille Serbie » qui l’étendait à tout le sandjak d’Uskub. Les Bulgares trouvèrent ces prétentions exor I