LA GUERRE ET LE DROIT INTERNATIONAL ¿15 « guerre ; qu’on nous traite comme tels, et non pas comme des reclus ; qu’on « nous donne des couvertures, beaucoup d’entre nous n'ayant pas de man-« teaux ; qu’on nous permette d’écrire à nos parents; qu’on nous laisse sortir « dans la ville pour acheter le nécessaire; qu’on nous donne de l’eau pouvant « servir au lavage, et non de l’eau salée. On ne satisfit qu’à celte dernière « demande. Nos gages nous furent payés régulièrement, i fr. 5o par mois aux « soldats, 3 francs pour un caporal, 9 francs pour un sous-officier inférieur, « i5 francs pour un sous-oflicier supérieur et pour un sergent-major. Deux « jours après notre départ, on nous invita à signer une déclaration en grec « attestant qu’on nous avait bien traités et que nous emportions avec nous tou' « ce que nous avions apporté. 11 nous fut impossible de ne pas signer. Nou. « signâmes, mais en réservant notre droit de réplique par des lettres conve-« nues ; 0. m., opinion particulière (Otsoboyé mnenigé), dont ils ne se sont « pas aperçus. » Le traitement des officiers prisonniers n’était pas meilleur, comme on peut s’en rendre compte en lisant un récit du major Lazarov, commandant de la garnison bulgare de Salonique. M. Lazarov décrit leurs souffrances sur le bateau, leur arrêt de quatre jours au Pirée, dans une prison humide et sale, où ils dormaient sur le plancher dans l’air infecté, se nourrissant mal, autorisés à sortir seulement pour être photographiés, exposés aux olTenses de la foule et à la curiosité des journalistes qui imprimèrent, après leur départ, que les officiers bulgares avaient été reçus dans les meilleures familles, avaient fait connaissance de la haute société et visité les théâtres et les cinémas, mais qu’ils avaient abusé de l’hospitalité à eux offerte et été envoyés, par suite, à Nauplie, parce qu’un jeune officier s’était montré peu correct dans une société de dames de la haute société du Pirée. Au nom de ses camarades, M. Lazarof envoya le télégramme que voici à M. Vénizelos, après être revenu en Bulgarie : « Les « officiers bulgares prisonniers de la garnison de Salonique vous envoient leurs « protestations les plus énergiques contre la manière dont ils ont été traités « pendant leur asservissement en Grèce. Dépouillés de leurs bagages, et, pour « la plupart, de leur argent, jetés dans une prison médiévale, enterrés vivants « dans un cachot du fort de Nauplie, privés d'air et de lumière, privés aussi de « tous rapports avec leur famille, ils ont subi, les médecins inclus, toutes les « humiliations et toutes les souffrances qu'une cruauté raffinée a pu inventer. » Nous 11e parlons pas ici des « civils » dont les souffrances, surtout dans les cachots de Salonique, étaient plus grandes encore. Pour ceux-là, on essaya de les regarder comme des sujets grecs rebelles. Mais il faut noter qu’en général le terme « prisonnier de guerre >> était pris, aux Balkans, dans un sens trop large. La Commission fut tout à fait étonnée de voir, à Sofia, défiler devant elle comme « prisonniers » revenus de Serbie, des vieillards de quatre-vingts