THÉÂTRE ltE LA GUERRE SERHO-M LGAIIK 403 N° 85 b. Destruction de Kniajevats. — Rapport russe adressé au commandant de la division de Timok. M. Jacob Osipits Kapustin, un Russe, (jui avait fait une cure prolongée à Soko-Bania, a visité Kniajevats, après le pillage bulgare, pour en constater les effets, et il a mis ses notes a ma disposition. Je les joins au reste. Le dommage souffert par le district, du fait de ce pillage, se monte à a5 ou 3o millions de francs. L agriculture surtout a souffert. Le Préfet de la station militaire, Jov. S. Miletits. Grâce à l'obligeance du préfet de Soko-Mania, il m’a été possible de partir de bonne heure, dans la matinée du 28 juin, pour visiter avec lui la ville de Kniajevats, dévastée par le vandalisme bulgare. A Tchastantsi, distant de Kniajevats d’environ 3 kilomètres, j’ai entendu parler des violences commises par les Bulgares dans les villages environnants. Accompagné d'un notable de Kniajevats, je me suis mis tout de suite en route pour vérifier ces bruits. Voici ce que j’ai appris : Pendant trois jours, par détachements de i5 ou 20, les Bulgares ont parcouru les villages, pillant les maisons et les édifices, cherchant l’argent, prenant tout ce qu'ils trouvaient, jusqu’à des pièces de 10 sous, outrageant les femmes, quels que soient leur âge ou leur condition. Ainsi, dans le village de Boulinovats, 7 femmes, dont 2 de seize ans, ont été violées. A Vina, 9 femmes, dont 1 était enceinte ; à Statina, 5 femmes, dont 1 jeune fille de treize ans. Il était difficile de connaître les noms, les paysans répugnant, par honte, à les donner. Ayant appris tout cela, je partis pour Kniajevats. En y arrivant, ma première impression fut celle d'une ville normale et, si ce n’eussent été les neuf ou dix édifices brûlés et les ponts de bois à demi incendiés, il ne me serait pas venu à l’esprit que, quelques jours seulement auparavant, l’ennemi avait passé là. A cause de cela, l’aspect intérieur des maisons, des boutiques et des cours, lorsqu’il m'apparut, ne m'en sembla que plus stupéfiant. J’entrai dans une centaine de maisons, et, dans chacune, je vis le même spectacle. Ce n’était pas un pillage ordinaire, mais quelque chose de plus effarant, par exemple tous les miroirs étaient brisés, les armoires, les boites, tous les meubles, tous les objets de bois avaient été mis en morceaux à coups de hachette, les portes étaient brisées, on avait découpé le siège des fauteuils et éparpillé dans la chambre la laine qui les rembourrait. Les photographies avaient été déchirées en petits morceaux, les livres détruits. O11 avait emporté tous les habits d'homme et laissé à la place des uniformes dégoûtants. On avait lacéré délibérément tous les vêtements de femme, les rideaux, les draps, les torchons ; on les avait éparpillés partout et recouvert d'excréments ou trempés de pétrole.