138 LÀ GUERRE ET LES NATIONALITÉS i 11,56o émigrants qui se réfugièrent en Bulgarie. Ces réfugiés furent répartis en vingt-huit arrondissements. 5o.ooo d’entre eux environ vinrent des régions de la Macédoine qui appartiennent maintenant à la Serbie ou à la Grèce ; 2,4oo seulement furent rapatriés. Il en vint 3o.ooo des parties de la Thrace qui sont restées sous la domination turque. Ces chiffres furent publiés le 12/25 septembre (l'Eclio (le Bulgarie). Le 22 décembre/4 janvier 1914» UI1 autre journal bulgare, le Mir, a publié une statistique plus détaillée de cette dernière catégorie de réfugiés. Malheureusement, depuis les événements de ces derniers mois, le nombre de ces émigrants venus de Turquie s'est élevé de .'to.ooo à f» 1.427 hommes, femmes et enfants. Cela représente la population de 108 villages qui furent abandonnés et de 10.934 maisons. L’hiver, qui s’annonçait déjà quand la Commission était en Bulgarie, est arrivé depuis. Par une correspondance de Has-kovo, du 24 octobre/5 novembre, nous apprenons que ceux des émigrés qui possédaient des chariots, des bœufs ou des chameaux, furent renvoyés à la suite de l'armée bulgare, à Gumuljina, et qu’on a dû en expédier encore 6.209 par le chemin de fer. Mais tous les autres? Le même correspondant nous les représente insuffisamment vêtus et mal abrités, exposés au froid, menacés par la pneumonie et le typhus, et manquant parfois de pain pendant des semaines entières*. Tandis que les 80.000 réfugiés de Bulgarie adressent des suppliques à Sir Edward Grey, l'agence télégraphique d’Athènes nous en signale 100.000 autres, de nationalité grecque, qui fuient l’administration bulgare2. Nous n'avons pas sous la main de chiffres exacts, et nous savons déjà qu'il faut se défier des chiffres donnés par les meetings populaires, comme de ceux des agences officielles. Mais il est permis, malgré tout, de croire qu’ici encore ce n’est pas de cas isolés qu'il s’agit, mais d’un véritable exode : c'est une partie du tableau que nous voyons partout aux Balkans. Les Turcs y fuient les chrétiens, les Bulgares fuient les Grecs et les Turcs, les Grecs et les Turcs fuient les Bulgares, les Albanais fuient les Serbes, et si, entre les Serbes et les Bulgares, l'émigration n’a pas ce caractère général, c’est que ces deux nations ne se sont pour ainsi dire pas rencontrées sur leurs propres territoires 1 Au moment où ce chapitre est sous presse, la reine Eléonora de Bulgarie parle encore, dans la Ne lie Freie Presse, des 60.000 réfugiés qui se trouvent en Bulgarie, sans abris ni vêtements. 2 Le correspondant d'Athènes du Temps donne ces chiffres le 2t août: ils s’appliquent à ceux qui comptent passer la frontière. Il les tient lui-même d’une « personnalité venant de Macédoine » qui lui « donna des détails sur le mouvement d’émigration qui se prépare dans les districts de la Haute Macédoine, que les troupes grecques doivent évacuer incessamment. »> Gela coïncide avec les indications que la Commission reçut, à Salonique et à Sofia, des réfugiés eux-mêmes, quant au caractère spécifique de cet exode, préparé et favorisé par les autorités grecques qui proposaient i\ ceux qui consentaient à émigrer les chariots et même les automobiles nécessaires (voir plus bas .