LA MACÉDOINE SERBE et nombre de ses exploits sont connus de la Commission*. Voici un détail qui caractérisera l’état d’esprit des militaires logés à Uskub : Le 7/20 mars, vers six heures du soir, un Bulgare, Dimtché Ghéorghiev, se tenait près de la porte de sa maison, située sur le quai du Vardar. A une petite distance, à la porte d'une autre maison, se trouvait un officier serbe, le major Voutchits. A ce moment, le général bulgare Paprikov se trouvait dans la ville et son ordonnance, le soldat Igno, en passant dans la rue, salua Dimtché. Immédiatement, Voutchits lui fait signe de s’approcher, le pousse dans le corridor de sa maison, le frappe à coups tie pieds, le renverse à terre par deux fois, lui fracture le crâne et finit par chercher à l’étrangler ; heureusement, son père arrive avec des soldats et lui sauve la vie. Pendant toute la scène, Voutchits n’avait pas cessé d’accompagner ses coups de jurons contre les « ennemis mortels », les Bulgares. Au mois de janvier, le Gouvernement d’Uskub fit le premier essai d une statistique patriotique. Le sous-préfet Boro Milanovits ordonna aux chefs des communes d’inscrire la population bulgare comme serbe, sous peine d’amende et d’emprisonnement. A cette occasion, les prêtres et les maîtres d'école furent invités aussi à se proclamer Serbes. Mais l’affaire ne marchait pas. Le 16 mars, les paysans du village de Nérézi se plaignirent à l'archevêque Néophyte. Quand ce dernier en parla au préfet Tsérovits, celui-ci prétendit que c’étaient des « fonctionnaires stupides » qui agissaient ainsi et s’en excusa auprès de l’archevêque. Puis il fit venir le prêtre du village et lui défendit de visiter ses paroissiens tant qu’il n’en aurait pas reçu la permission de l’archevêque serbe. Les villageois de Nérézi furent arrêtés tandis qu’ils sortaient de la métropolie bulgare et mis en prison. A partir de ce moment, les paysans des villages eurent peur de venir chez leur archevêque. On voulut ensuite agir de même a l’égard des habitants de la ville : pendant toute la semaine de la Passion, on les terrorisa, en espérant que, effrayés, ils ne paraîtraient pas à l'église bulgare le jour de Pâques. L’archevêque se plaignit à nouveau au consul russe et au préfet, et la population bulgare, c’est-à-dire la grande majorité de la population chrétienne d’Uskub, put profiter ainsi de la dernière chance quelle eût d’afïluer à son église et de prendre part à la procession religieuse du second dimanche. La résistance des prêtres et des maîtres d’école, en ville, se prolongea, malgré toutes les persécutions, jusqu'à la fin de mai. Le 1 i/a4 niai, jour de la fête nationale des saints Cyrille et Méthode, la population persista à désobéir à la défense de fermer les boutiques. Le lendemain, il y eut une quantité de perquisitions domiciliaires : il s’agissait en effet de découvrir une nouvelle organisation révolutionnaire. 1 C’était cette bande qui avait battu l'archimandrite Methodius (voir chapitre I", p. 35).