CHAPITRE VI LES CONSÉQUENCES ÉCONOMIQUES DE LA GUERRE La guerre, au point de vue économique, est une destruction de richesses. Dès avant la déclaration de guerre, la situation financière des pays entre lesquels se sont élevées de graves difficultés est influencée par la perspective d’un conflit. La rente de ces Etats et leurs divers titres négociés sur les marchés subissent des fluctuations qui éveillent des inquiétudes, entraînent des ruines. Le crédit se resserre; la circulation monétaire est troublée ; la production est atteinte, les commandes se ralentissant dans de notables proportions; le commerce vit dans l’incertitude. Puis vient la déclaration de guerre, la mobilisation. Les hommes valides sont appelés sous les drapeaux : la main-d'œuvre est enlevée, du jour au lendemain, à l’usine et aux champs. Le gain de l’homme, base du budget familial, venant à manquer, la femme et les enfants, réduits à une prompte misère, sont obligés de recourir aux secours des communes et de l’Etat. Toute l’activité de la nation est dérivée vers la guerre. Plus de transports de marchandises et de voyageurs sur les voies ferrées ; matériel et rails sont réquisitionnés pour la rapide concentration des hommes, de l’artillerie, des munitions et provisions sur les points stratégiques. Non seulement le pays ne produit plus, mais il consomme coûteusement, dans la hâte des opérations. Vite ses réserves sont épuisées. Les impôts ne rentrent pas. S’il ne peut faire appel à l'étranger, pour des emprunts ou des achats, il souffre profondément. Viennent les combats. Ce sont alors les hécatombes des champs de bataille, les morts jonchant le sol, les blessés aflluant aux hôpitaux. Des milliers de vies humaines sont sacrifiées; les jeunes, les plus valides, ceux qui faisaient hier la force de la patrie, ceux qui étaient son avenir de labeur fécond, sont abattus sous les balles ou sous les coups. Ceux qui ne meurent point dans la poussière ou dans la boue subiront mille souffrances et resteront mutilés, invalides, incapables d’être désormais un élément de prospérité.