LES DÉPOSITIONS 373 « Je sais que M.Veltchev a convoqué les notables et je reconnais qu’il les a menacés, au cas où se produirait une insurrection. C’était naturel, si on pense au nombre insignifiant de nos troupes, perdues au milieu de 5o.ooo habitants musulmans. « Quant à l’évêque grec, son témoignage (dans le rapport Machkov) est de mauvaise foi. Personnellement, je n’ai reçu de lui que deux lettres : i) un fonctionnaire aurait pris sur lui, prétend-il, de prononcer le divorce de deux époux, à Baba-Eski. En réalité, il s'agissait d’un fiancé, qu’on expulsait de la maison de sa future, après l'y avoir entretenu pendant six mois. Les autorités civiles intervinrent; 2), on accusait le prêtre bulgare, du quartier Ildyrym, de contraindre les enfants par des menaces à fréquenter l’école bulgare. On a vérifiait cette accusation, et on l’a trouvée fausse. Il faut que je mentionne, d’autre part, qu’on a trouvé six fusils bulgares et un costume militaire dans l’église grecque de Kériché-Hané. L’état d'esprit des Grecs se caractérise parce fait : sept ou huit jours avant la retraite bulgare, quand la communication fut coupée entre Karagatch et l’administration militaire, on découvrit les coupables. C’étaient des Grecs, déguisés en soldats bulgares, qui avaient coupé les fils- 2V» 77. Déposition du major Mitov (par la suite sous-colonel). — Il avait été nommé major de la place, par le général Vasov, le jour même de l’entrée dans Andrinople. Au bout de quatre ou cinq jours, il fut promu lieutenant-commandant et enfin commandant. Il resta dans la ville jusqu'au i4 juin (vieux style). « Le mauvais approvisionnement s’explique par ce fait que le pont fut détruit et les dépôts brûlés. Les soldats bulgares eux-mêmes, ne recevaient qu’un pain par jour. Le général Vasof ordonna de prélever un quart sur cette ration, ce qui fut fait par le commandant Tsernowsky. On distribua « ces quarts » pendant les trois premiers jours ; les prisonniers étaient répartis en plusieurs groupes. Moi-même, je passais l'inspection le matin. On ne mangeait pas d’écorce d'arbre. On a coupé, en effet, de 1 écorce d’arbre, mais pour en faire du feu ; voilà l'origine de cette légende. En effet, après la belle journée du i3 mars, nous avons eu de la tempête pendant la nuit et il a plu à verse. J’ai vu de mes yeux les feux allumés, une bombe a même éclaté pour en avoir été placée trop près. « Le jour de l'entrée des troupes, j’ai été témoin de scènes touchantes : les soldats partageaient leur pain avec la population. J'ai bien vu, en effet, des hommes tomber de faiblesse dans les rues ; c’est que, pendant les dernières journées du siège, les fournadjis vendaient du pain aux seuls riches qui pouvaient en acheter. Dans l’île de Saraï, il est bien vrai que les gens étaient si