L'ALLIANCE ET LES TRAITÉS 25 cuter à Sofia la possibilité de s'unir, pour protester ensemble, systématiquement, en défendant les privilèges communs — ecclésiastiques et scolaires — garantis aux communautés chrétiennes par les anciens firmans des sultans et par les traités internationaux. Les pourparlers traînèrent, à Sofia, pendant toute la durée du ministère Malinov. M. Guéchov, devenu chef du cabinet, après Malinov, au mois de mars 1910, les suspendit. C’est alors, en avril 1911, que M. Vénizelos proposa à M. Guéchov, d une façon toute secrète, non seulement une entente pour défendre les privilèges des chrétiens en Turquie, mais aussi une alliance défensive dans laquelle était envisagé « le cas d’une attaque » contre une des parties contractantes. La proposition, gardée strictement confidentielle, resta sans réponse, les difficultés avec la Crète pouvant provoquer une guerre à laquelle la Bulgarie ne voulait pas prendre part. L’événement qui amena la Bulgarie à songer plus sérieusement encore à la nécessité d’une alliance balkanique, ce fut le commencement de la guerre entre la Turquie et l’Italie, à la fin de septembre 1911. L’ultimatum italien trouva les hommes d’Etat bulgares en vacances : le tsar Ferdinand et son premier ministre étaient à Vichy. Milova-novits veillait à son poste. D. Risov, Th. Théodorov et lui discutèrent,, à Belgrade, à Vienne et à Sofia, le projet d'une alliance. M. Guéchov hâta son retour; M. Milovanovits, le rencontrant à la gare de Belgrade, entra dans son vagon, et là, entre Belgrade et la petite station de Liapovo, au cours d’une conversation qui dura deux heures, les bases de l’alliance furent arrêtées. Pour la première fois, un ministre bulgare avait reconnu la nécessité et la possibilité d’une concession territoriale en Macédoine : celle d'Uskub et de Koumanovo. On pouvait prévoir que l’opinion publique, en Bulgarie, se prononcerait, comme toujours, contre une telle transaction. Plutôt l’autonomie de la Macédoine entière sous la souveraineté turque que l’indépendance sous la condition d’un partage : tel avait été, de tcut temps, le point de vue bulgare. Et, en 1910 encore, M. Malinov, comme nous venons de le dire, avait préféré attendre plutôt que de faire des concessions. Cette fois-ci encore, Guéchov, de retour à Sofia, décida de temporiser. Au mois de décembre, Milovanovits renouvela la proposition d’alliance, mais, ne recevant pas de réponse pendant dix jours, il se vit obligé de mitiger sa proposition. C’est alors seulement que le Gouvernement bulgare se décida à traiter. Les pourparlers durèrent pendant tout l’hiver, et le traité fut conclu le 29 février/i3 mars 1912. Le point fondamental de ce traité, qu’on tenait secret et dont le texte a été publié plus tard par le Matin*, était la délimitation de la ligne départagé, t Numéro du lundi 24 novembre 1913.